Mercredi 31 juillet 2013,
fête de Saint Ignace de Loyola.
En complément de ma chronique d’hier (cf. > www) je recopie ci-dessous à votre intention, quelques citations qui me paraissent remarquables et que j’ai relevées à l’occasion de mes lectures. J’y ajoute quelques réflexions personnelles faites – au jour le jour – plus ou moins en lien avec l’actualité.
– Début juin, en relisant « Mon coeur mis à nu » de Charles Baudelaire, je relève :
« La croyance au progrès est une doctrine de paresseux (…).
C’est l’individu qui compte sur ses voisins pour faire sa besogne.
Il ne peut y avoir de progrès (vrai, c’est-à-dire moral) que dans l’individu et par l’individu lui-même.
Mais le monde est fait de gens qui ne peuvent penser qu’en commun, en bandes. (…)
Il y a aussi des gens qui ne peuvent s’amuser qu’en troupe.
Le vrai héros s’amuse tout seul. »
– Gustave Thibon !
Source inépuisable à laquelle je reviens sans cesse, qui m’enrichit et me fortifie toujours davantage…
Ce 12 juin, je trouve dans « Les hommes de l’éternel » (p. 236) cette citation lumineuse :
« Prenons garde, surtout dans le monde actuel, à ne pas éparpiller nos forces, à ne pas nous laisser accaparer et avaler par la multitude. Dans ce monde de plus en plus contraire à la vie intérieure et au recueillement, creusons soigneusement, ne cessons pas de creuser notre solitude, non en nous renfermant sur nous-mêmes, mais en nous ouvrant à Dieu. »
– Mi-juin 2013 : intempéries et dégâts considérables dans les Pyrénées. Les media font grand cas de la grotte de Lourdes inondée. Je me fais ces réflexions :
Que la grotte de Massabielle soit envahie par les eaux, c’est spectaculaire, certes ! mais cela sera nettoyé. Et puis, le lieu de l’apparition de la Madone n’est pas détruit.
Pourquoi cela suscite-t-il donc plus d’émotion que la destruction – absolument illégale – de certaines églises, en France même ?
Pourquoi cela suscite-t-il plus d’émotion que ces innombrables églises sales et mal entretenues dans lesquelles le Saint Tabernacle est délaissé, dans lesquelles les Saintes Hosties moisissent, dans les sacristies desquelles les objets et ornements du culte se détériorent ?
Pourquoi cela suscite-t-il plus d’émotion que ces parodies de liturgie au cours desquelles prêtres et « laïcs engagés » font fi des règles de la liturgie ?
Pourquoi cela suscite-t-il plus d’émotion que ces innombrables communions sacrilèges par lesquelles des personnes en état de péché grave reçoivent et profanent le Corps adorable de Notre-Seigneur Jésus-Christ ?
Pourquoi cela suscite-t-il plus d’émotion que le « délabrement » de tous ces sanctuaires spirituels que sont les âmes des baptisés, desquelles la grâce divine et la Présence Trinitaire sont chassées par le péché et la tiédeur ?
Perplexité…
– 23 juin : j’achève l’excellent ouvrage d’Albert Boudon-Lashermes intitulé « Les chouans du Velay » (1911) et j’en recopie les dernières lignes :
« Gentilshommes, bourgeois ou paysans, nos montagnards avaient su jusqu’au bout accomplir leur devoir.
En lisant leur histoire on comprendra peut-être pourquoi leurs petits-fils sont si récalcitrants lorsque les descendants des régicides et des tueurs de prêtres, devenus catholiques et libéraux, leur reprochent aujourd’hui de ne point aimer la république.
Ils n’ont pas pour l’aimer les mêmes raisons qu’eux… »
– Je relis l’encyclique « Mirari vos » (15 août 1832) de Sa Sainteté le Pape Grégoire XVI, grand pontife calomnié. Il définit « l’indifférentisme » comme « une opinion perverse (…) d’après laquelle on pourrait obtenir le salut éternel par quelque profession de foi que ce soit, pourvu que les mœurs soient droites et honnêtes ».
Le Bienheureux Pie IX renouvelle cette condamnation dans le « Syllabus » de 1864 : l’opinion selon laquelle « les hommes peuvent trouver le chemin du salut éternel et obtenir ce salut éternel dans le culte de n’importe quelle religion » (§ III, 16) est condamnée ; est aussi dénoncée la liberté « pour chaque homme d’embrasser et de professer la religion qu’il aura réputée vraie d’après la lumière de sa raison » (§ III, 15).
En 1928, le Pape Pie XI, dans l’encyclique « Mortalium Animos » sur l’unité de l’Église de Jésus-Christ critique le mouvement œcuménique moderne. Le document dénonce énergiquement le panchristianisme, le faux irénisme, l’indifférentisme et le relativisme. Il rappelle « qu’il ne peut y avoir de vraie religion en dehors de celle qui s’appuie sur la parole de Dieu révélée : cette révélation, commencée à l’origine et continuée sous la Loi Ancienne, le Christ Jésus lui-même l’a parachevée sous la Loi Nouvelle… » Il affirme au passage que « (…) la plupart des hommes désirent voir, au nom de cette fraternité universelle, les divers peuples s’unir entre eux par des liens chaque jour plus étroits.
C’est un résultat semblable que d’aucuns s’efforcent d’obtenir dans les choses qui regardent l’ordre de la Loi nouvelle, apportée par le Christ Notre Seigneur. Convaincus qu’il est très rare de rencontrer des hommes dépourvus de tout sens religieux, on les voit nourrir l’espoir qu’il serait possible d’amener sans difficulté les peuples, malgré leurs divergences, religieuses, à une entente fraternelle sur la profession de certaines doctrines considérées comme un fondement commun de vie spirituelle. C’est pourquoi, ils se mettent à tenir des congrès, des réunions, des conférences, fréquentés par un nombre appréciable d’auditeurs, et, à leurs discussions, ils invitent tous les hommes indistinctement, les infidèles de tout genre comme les fidèles du Christ, et même ceux qui, par malheur, se sont séparés du Christ ou qui, avec âpreté et obstination, nient la divinité de sa nature et de sa mission.
De telles entreprises ne peuvent, en aucune manière, être approuvées par les catholiques, puisqu’elles s’appuient sur la théorie erronée que les religions sont toutes plus ou moins bonnes et louables, en ce sens que toutes également, bien que de manières différentes, manifestent et signifient le sentiment naturel et inné qui nous porte vers Dieu et nous pousse à reconnaître avec respect sa puissance. En vérité, les partisans de cette théorie s’égarent en pleine erreur, mais de plus, en pervertissant la notion de la vraie religion ils la répudient, et ils versent par étapes dans le naturalisme et l’athéisme. La conclusion est claire : se solidariser des partisans et des propagateurs de pareilles doctrines, c’est s’éloigner complètement de la religion divinement révélée…. »
Force est de constater l’actualité de ces condamnations…
Commentaires de notre ami Pierre-Frédéric : « Comme on le constate de nos jours, l’indifférentisme conduit logiquement et mécaniquement :
– à la négation de la nature divine de Jésus, rabaissé au rang de prophète parmi d’autres ;
– à la perte de sens des sacrements, rabaissés à des expressions folkloriques d’une simple tradition culturelle ;
– à la ridiculisation des « obligations » religieuses, qui ne peuvent plus intéresser que les névrosés dans la mesure où tout se vaut et son contraire… »
– 14 juillet : la république célèbre – paraît-il – sa « fête nationale »…
Et moi, qui suis témoin de l’appauvrissement des Français – matériellement, culturellement, psychologiquement et spirituellement – , je ressors cette citation d’Anatole France (il écrivait fort bien mais il n’est pourtant pas « de notre bord ») relevée dans « Le lien légitimiste » (numéro 50, mars-avril 2013, p. 9) :
« Un Roi en France, oui, un Roi aurait pitié de notre pauvre peuple exsangue, exténué… Mais la démocratie est sans coeur comme sans entrailles. Au service des puissances d’argent, elle est impitoyable et inhumaine. »
– 15 juillet : le président Hollande a dévoilé hier le visage d’une nouvelle « marianne » pour les timbres poste.
Un concert d’indignations s’élève sur le ouèbe parce que le dessinateur ne fait pas mystère qu’il s’est inspiré du visage de la fondatrice des « Femen ».
Une fois de plus, je vais mettre les pattes dans le plat et les remuer.
Car pour dire les choses de manière très claire, je ne vois vraiment pas en quoi il est étonnant ou scandaleux que le visage de cette nouvelle « marianne » des timbres postes ait été en partie inspiré par celui d’une virago dépoitraillée et hystérique.
Est-ce, parce qu’elle est peinte par Eugène Delacroix, que la »marianne/liberté guidant le peuple sur les barricades » serait plus respectable et plus vertueuse ?
Depuis l’origine, « marianne », choisie pour symboliser la république et ses prétendues « valeurs », est une fille de rien, une catin : qu’elle soit représentée par Brigitte Bardot, Catherine Deneuve, Laetitia Casta, Sophie Marceau ou la harpie ukrainienne y change-t-il quelque chose ?
Ce n’est pas au sujet des modèles de « marianne » qu’il faut se scandaliser, mais plutôt du fait même qu’il existe une « marianne » – coiffée du hideux bonnet des septembriseurs et des tricoteuses – et qu’on veuille, à travers elle, nous faire croire que la république et la France sont une seule et même réalité…
– 22 juillet : au Royaume-Uni, c’est le liesse autour de la naissance du « royal baby ».
Moi, je me délecte en découvrant cette citation de Sa Majesté le Roi Charles X :
« J’aimerai mieux scier du bois que de régner à la façon du roi d’Angleterre. »
– Dimanche 28 juillet : dixième dimanche après la Pentecôte, dimanche du pharisien et du publicain. Je remercie une amie d’avoir porté à ma connaissance cette belle citation de Monseigneur François Ducaud-Bourget (in « Le Hérisson spirituel ») :
« (…) il se créa peu à peu cette catégorie de « gens sérieux » qui montre du Christianisme le visage le plus déplaisant. Estimant avec justesse au plus haut point la Vérité, ils se sont enfermés avec elle de la façon la plus stricte comme on le ferait d’un lingot d’or dans un coffre fort. Mais la Vérité n’est pas un métal ; elle est fleur, elle est vie, elle respire l’air et le soleil de Dieu. La Vérité des « gens sérieux » s’est desséchée ; et ce qui en a survécu n’a plus aucun rayonnement… accusant les catholiques les plus humains et normaux d’être des libéraux… »
Par ailleurs, je ne peux faire autrement que de citer une fois de plus mon cher et incomparable Gustave :
« Le publicain est nu, le pharisien est masqué. Si misérable qu’on soit, il suffit d’être nu devant Dieu pour désarmer Dieu. Ce qui brûlera en enfer, ce n’est pas notre visage avec ses plaies, c’est notre masque avec sa fausse dignité, ce n’est pas notre péché, c’est notre mensonge. » ( Gustave Thibon, in « L’échelle de Jacob »)
– 31 juillet : Fête de St Ignace de Loyola, fondateur de la Compagnie de Jésus.
Tout comme la fameuse langue d’Esope, la Compagnie ne peut-elle pas se révéler la meilleure et la pire des choses ?
Je ne peux m’empêcher de penser, quoi qu’il en soit, que c’est tout de même un « sacré » coup de manipulation mentale que d’arriver à faire répéter à presque toute la planète qu’un jésuite est quelqu’un de simple…!!!