Natalia Trouiller est journaliste. Journaliste catholique. C’est comme cela qu’elle se présente sur son blog.
Natalia Trouiller a décidé de renvoyer dos à dos “Ultra-Catho” et “Ultra-Homo” dans un post bien écrit, reconnaissons-le. Donc plutôt convaincant… à première vue !
La tolérance, ok, pourquoi pas, mais on voit bien ce que ça donne avec les homos. Ils veulent imposer l’abolition de la différence des sexes à la société. C’est intolérable.
Etonnant, pour une journaliste catholique d’ironiser sur le dégoût qu’inspire ou que devrait inspirer la théorie (l’idéologie) du genre aux catholiques. M’est avis que ces idées nauséabondes ne sont d’ailleurs pas complètement étrangères à la dévirilisation de la religion catholique : pour certains, c’est un peu “prie et tais-toi”. La politique, “forme supérieure de la charité” (Pie XI) ? Berk ! Défendre ses traditions, son identité française et catholique ? Dépassé, mes amis. Passez plutôt à la PrayStation et rejoignez-nous à HolyBeach après le Glorious Tour. “Tu comprends pas, Jesus loves you, le reste, on s’en fout”… La journaliste ironise de façon déplacée sur “les bastions de haine antichrétienne” (qui, comme chacun sait, n’existent pas) et “les vieilles valeurs françaises”. La France, fille aînée de l’Eglise, ça ne lui dit manifestement rien. Tentant (mais sans grand succès) de se mettre dans la tête d’un catholique “tradi” – forcément borné, elle qualifie de “folles dégénérées” les extrémistes homosexuels. Mais là encore, on sent de l’ironie. Car c’est sûr, vociférer “la sodomie ouvre l’esprit” ou “à genoux pour la pipe”, c’est être TOUT le contraire d’une “folle dégénérée”… Puis Natalia Trouiller se moque de ce rassemblement contre le “kiss-haine” “pour un monde meilleur”. On croirait lire un éminent représentant de la réacosphère habitué à peindre avec talent et style la décadence, à décrire un monde devenu fou – qui le contesterait ? – mais qui ne propose rien. Blasé. Dandy décati. Le cigare aux lèvres. Pas prêt à remuer la merde. A s’impliquer, je veux dire. “Pour un monde meilleur”. Pff… Gardons nos distances avec ces huluberlus remplis d’idéaux…
On en déduira que Natalia n’est pas jeune. Je veux dire, dans sa tête. Au sens des définitions de Bernanos et de MacArthur. Jeune = qui n’a pas renoncé. Et qui n’a pas l’intention de renoncer. Celle ou celui qui ne renonce pas mais qui sait qu’il va renoncer (après son mariage, après ses études…), qu’il va se ranger, c’est déjà un vieux.
Fausse naïve, Natalia Trouiller pose la question :
Pensaient-ils vraiment, les catholiques ultras, que le fait de brandir un crucifix devant un militant gay le convertirait illico ?
Euh… Désolé mais là, ça n’était pas le but. Des individus détruiraient nos églises, il faudrait encore s’excuser de ne pas, prioritairement, souhaiter les convertir mais d’abord, les forcer à… arrêter. Imaginez-vous sérieusement Charles Martel accueillant les hordes mahométanes (des frères !) à Poitiers les bras ouverts, une Bible dans chaque main ? Plutôt que d’opposer les catholiques entre eux, qu’on laisse chacun agir là où il se sent appelé à agir : en amont (les diplomates), pendant (les guerriers) et après (en réparation). Et puis notre journaliste devrait savoir que c’est Dieu qui convertit…
En dénonçant cette “jonction des extrêmes”, Natalia Trouiller a le beau rôle : elle se place au-dessus de la mêlée (des ploucs, ces gens qui n’ont rien d’autre à faire que de défendre une cause, pff…). Ah, ces “idiots utiles”… Au recentrage de certaines. Qui ont trouvé comment se moquer des extrémistes homosexuels sans être étiqueté “catho facho”. On ne lui en veut pas, elle est journaliste, elle n’a pas le choix. Ou alors où il faut travailler chez Minute ou Présent. Mais qu’on me permette de penser que cette distanciation, cette impassibilité lorsque votre Eglise est attaquée est scandaleuse. Bourgeoise même. Je sais, “tout ce qui est excessif est insignifiant” (Talleyrand). Sauf que les grands saints (ce que je ne prétends pas être, même si j’essaye de ne pas renoncer à tenter de le devenir) étaient des êtres excessifs. Le curé d’Ars brûlait la mauvaise littérature. Saint-Pie X a affronté frontalement les fils de la veuve.
Non, le plus affligeant, c’est quand je vois Jean-Baptiste Maillard et Natalia Trouiller, pas formés (donc, aux temps des idéologies, déformés) politiquement s’imaginer que des jeunes font des saluts nazis alors qu’ils sont pris en photo, les deux bras levés et de profil. Il n’y a qu’à voir l’inclinaison de leur main (verticale, pas horizontale). La preuve ultime des salut nazis, c’est, opposent-ils, le fait qu’un imbécile ait, lors de son arrestation, crié “Sieg Heil”. Ok, c’est nul. En même temps, une arrestation n’est jamais un moment propice à l’inspiration ou à la finesse. Evidemment, rien sur le militant (certes frontiste…) à la croix, arrêté sans raison et violemment, sa croix brisée – tout un symbole, par les forces de l’ordre républicain. Rien sur les jeunes femmes matraquées. Rien sur les obscénités professées par les extrémistes homosexuels. Aucun rappel de l’enseignement de l’Eglise sur la question de l’homosexualité (qui est quand même la cause de ces “kiss haine”…). Encore faut-il le connaître pour cela. J’ai énormément de respect pour Jean-Baptiste Maillard et pour son entreprise d’évangélisation mais quand je le lis répondre à la question “fais-tu tiens l’enseignement de l’Eglise sur l’homosexualité ?” :
Simple étudiant en théologie, je ne m’en sens pas capable, car je ne peux même pas vous dire quels textes du magistère y font référence !
ça laisse songeur…
Prions pour notre conversion à tous. Pour un catholicisme militant. Pour qu’Il règne, tout simplement. Dans nos coeurs et dans la rue.
Thibaud COUPRY