L’affaire de la jeune maman d’origine indienne morte en Irlande à l’occasion d’une fausse couche septique prend un nouveau tour avec la publication du rapport provisoire final qui détaille les circonstances du décès de Savita Halappanavar au Galway University Hospital en octobre dernier. Cette affaire, longuement commentée sur ce blog, ouvre la porte à une légalisation partielle de l’avortement dans ce pays qui par ailleurs présente l’un des taux de mortalité maternelle les plus bas du monde.
Ce que l’on en sait nous vient de l’avocat du veuf de Savita, qui a depuis le départ concouru à l’opération visant à rendre la loi anti-avortement en Irlande responsable de la mort de son épouse : cela reste donc sujet à caution.
L’Irish Times, toujours sous la plume de la journaliste Kitty Holland qui est impliquée dans la lutte pro-avortement, rapporte que le rapport attribue la mort de Savita à une erreur d’appréciation des médecins et personnels médicaux qui ont « apparemment » trop mis l’accent sur le bien-être du fœtus et pas assez sur celui de la patiente.
Mais il apparaît surtout que l’hôpital n’a pas fait le travail de suivi nécessaire sur la jeune femme qui présentait déjà, le dimanche soir à son premier passage, un taux de globules blancs élevé qui indiquait la présence d’une infection. A ce moment-là le médecin avait déjà refusé de tenté de recoudre le col de l’utérus de la patiente pour prévenir la fausse couche, jugeant qu’il n’y avait aucun moyen de l’arrêter, selon des indications données par la presse le mois dernier.
Les signes vitaux de Mme Halappanavar ont été insuffisamment suivis et ce n’est que le mercredi, alors que son état de santé empirait terriblement, que des prises de sang supplémentaires ont été effectués et elle n’a été transférée vers le service compétent pour lutter contre l’infection qu’après la cessation du battement du cœur de son enfant. Ce même mercredi, l’équipe médicale avait envisagé un avortement mais n’avait pas donné suite, selon le rapport. En état de choc septique, Savita est morte le vendredi 28 octobre 2012.
Praveen Halappanavar n’est pas satisfait : il estime que le rapport n’indique pas que l’absence d’avortement – réclamé selon lui par sa femme et par lui-même dès le lundi lors de son admission à l’hôpital – est responsable de la mort de son épouse.
Ce qui apparaît clairement, en revanche, c’est que le traitement antibiotique qu’il aurait fallu administrer d’emblée n’a pas été donné, et – s’il faut en croire des fuites du rapport publiées par la presse en février – cela était dû non au choix préférentiel en faveur du fœtus qui vu son âge n’avait pas de chance de survivre mais au mauvais jugement de médecins inexpérimentés et débordés et à une cascade de mauvais suivis et transmissions d’informations,
Praveen continue d’accuser le personnel de l’hôpital qui lui aurait répondu : « Nous ne faisons pas d’avortements ici, c’est un pays catholique », pour rendre la doctrine catholique responsable de la mort de sa femme.
Quelles étaient ses chances de survie ? Sans doute élevées si l’infection avait été prise à temps, et dans ce cadre, si la situation avait été correctement évaluée, il est probable que la décision d’accélérer la fausse couche eût été prise malgré le fait que le fœtus n’était pas viable. Le rapport indique qu’une incertitude quant à la loi a pu empêcher les médecins d’agir. Mais les chances de survie de Savita étaient de toute façon nulles si l’on considère qu’il y a eu de multiples erreurs quant à l’évaluation de son état : aucune loi, pour ou contre l’avortement, n’aurait pu la sauver.
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