Voici le communiqué de Mgr Marc Aillet, publié le mercredi des Cendres :
“C’est dans la stupéfaction que nous avons appris le lundi 11 février 2013, en la fête de Notre-Dame de Lourdes, la décision du Pape Benoît XVI de renoncer à sa charge d’évêque de Rome et de Successeur de Pierre. Le Pape n’est ni un chef d’entreprise, dépendant de ses actionnaires, ni un chef de gouvernement, porté par ses électeurs. Pour prendre une telle décision, il ne saurait être pressé par les événements, poussé par son entourage, voire rejeté par l’opinion publique. Sa charge est d’essence spirituelle et non temporelle ; il sait, comme il l’exprime dans sa déclaration faite devant le consistoire, que ce ministère « doit être accompli non seulement par les œuvres et par la parole, mais aussi, et pas moins, par la souffrance et par la prière ». Et en cela, il rend hommage à son bienheureux prédécesseur qui est demeuré à son poste jusqu’au bout, malgré l’évolution de la maladie. C’est donc, quant à lui, en pleine conscience « de la gravité de cet acte » et en toute liberté qu’il renonce à sa charge, alors que « la vigueur du corps et de l’esprit » s’est amoindrie en lui, d’une telle manière qu’il doit reconnaître son incapacité à bien assumer le ministère qui lui a été confié.
Il ne nous abandonne pas pour autant, comme il l’a montré à bien des reprises au cours d’un Pontificat qui fut exposé à de violentes campagnes médiatiques et à des malentendus et préjugés odieux. Dans son livre-entretien avec le journaliste Peter Seewald, Lumière du monde, publié en 2010, n’écrivait-il pas : « Quand le danger est grand, il ne faut pas s’enfuir. Le moment n’est donc sûrement pas venu de se retirer. C’est justement dans ce genre de moments qu’il faut tenir bon et dominer la situation difficile. C’est ma conception ». Par ailleurs, n’avait-il pas demandé aux fidèles massés sur la place Saint-Pierre, au jour où il inaugurait son ministère pétrinien, de prier pour lui « pour qu’il ne s’enfuie pas, par peur, devant les loups ». Dans ce même livre-entretien, il n’en évoquait pas moins l’éventualité de se retirer : « On peut se retirer dans un moment calme, ou quand tout simplement on n’en peut plus. Oui, quand un Pape en vient à reconnaître en toute clarté que physiquement, psychiquement et spirituellement il ne peut plus assumer la charge de son ministère, alors il a le droit et, selon les circonstances, le devoir de se retirer ». Une telle décision, prévue par le Code de droit canonique (n. 332 § 2), n’a eu lieu que deux fois dans l’histoire de l’Eglise : le Pape saint Célestin V, en 1294, dans des conditions politiques difficiles, quelques mois à peine après son élection, et le Pape Grégoire XII, en 1415, pour mettre fin au grand schisme d’Occident. Il ne saurait donc s’agir pour lui de fuir devant la responsabilité qu’il avait acceptée, le 19 avril 2005, alors que sa santé était fragile et qu’il pouvait aspirer légitimement à une retraite studieuse bien méritée. Il ne saurait non plus faire œuvre de modernité, comme on l’a dit de manière quelque peu superficielle devant une charge de nature si intemporelle. Il nous donne plutôt une leçon magistrale de sagesse et de liberté intérieure. Cela ne devrait pour autant induire aucune règle dans l’Eglise : le Pape reçoit sa charge du Christ seul, même si c’est à travers l’élection des cardinaux, et le Christ seul peut lui suggérer dans la prière et la réflexion d’y renoncer.
Passée la stupéfaction, c’est donc dans l’admiration que nous accueillons sa décision qui manifeste un sens tout surnaturel de la responsabilité et une grande humilité. Celui qui s’était présenté à la face du monde comme « un humble travailleur dans la vigne du Seigneur », s’efface devant celui qu’il rend présent par son ministère pétrinien, le seul souverain Pasteur de son Peuple : le Christ. En cette année de la foi qu’il a promulguée, il nous invite à mettre résolument notre confiance, non dans un homme mais en Dieu ! Belle leçon d’ecclésiologie, où nous comprenons mieux que le pouvoir dans l’Eglise est un service qui ne peut s’accomplir que dans l’obéissance au Christ, dont nous ne sommes jamais que les serviteurs et les instruments. Ce n’est donc pas une leçon de modernité mais d’humilité, une ultime manière de tourner nos regards vers Dieu, dont il a tant proclamé, durant tout son Pontificat, le primat absolu.
En évoquant les circonstances présentes, « le monde d’aujourd’hui, sujet à de rapides changements et agité par des questions de grande importance pour la vie de la foi », nécessitant une singulière « vigueur du corps et de l’esprit », « pour gouverner la barque de Pierre et annoncer l’Evangile », il nous dévoile peut-être le motif secret de sa décision. Dans sa dernière rencontre avec les séminaristes romains, le 8 février, en la fête de Marie, Mère de la confiance, patronne du Séminaire de Rome, et en commentant le début de la première lettre de saint Pierre, il a décrit de manière particulièrement sentie le ministère du Successeur de Pierre, et il a évoqué la situation des chrétiens dans le monde : « Nous voyons qu’aujourd’hui dans le monde, les chrétiens sont le groupe le plus persécuté, parce que non conformes ». Il a parlé d’un « faux pessimisme » qui ne mettrait pas sa confiance dans le Christ qui a vaincu le monde, et aussi d’un « faux optimisme » qui voudrait se persuader que tout va bien pour l’Eglise, en insistant sur le « moment du martyre » qui caractérise toute vie chrétienne. Le Saint-Père n’aurait-il pas discerné, de manière toute prophétique, les tempêtes qui vont s’abattre sur l’Eglise, et décidé ainsi, dans une prudence toute surnaturelle, de préparer sans tarder une succession que la réduction de ses forces lui semblerait exiger ?
En accueillant cette nouvelle dans la foi, nous n’en sommes pas moins affectés dans notre identité de fils et de filles de l’Eglise. Le Pape est le « Saint-Père », le Père de tous les fidèles et nous pouvons bien nous sentir un peu orphelins. C’est important de le souligner, car plus que jamais dans une société sans père et sans repères, le Pape incarne, pour les jeunes en particulier comme nous le constatons aux JMJ, ce père, voire ce grand-père, dont ils ont tant besoin. Mais le Seigneur pourvoit aux besoins de son Peuple et nous sommes dans la paix. Nous pourrons manifester notre reconnaissance au Pape Benoît XVI, le jeudi 28 février à 20 h, où le siège de l’évêque de Rome deviendra vacant, et où je célébrerai une messe d’action de grâce pour son pontificat lumineux à la Cathédrale Sainte-Marie de Bayonne. Il doit pouvoir compter sur notre prière en ces dernières semaines de son ministère pétrinien, alors qu’il s’apprête à se retirer. Il ne choisit certes pas la facilité, il ne décide pas de se retirer pour couler une retraite tranquille. Après avoir a tant insisté sur l’importance de la prière, comme source de tout apostolat, il souhaite « servir de tout cœur, aussi dans l’avenir, la Sainte Église de Dieu par une vie consacrée à la prière ». Comme s’il ne manquait plus à Joseph Ratzinger que l’état de vie consacrée qu’il tient en si haute estime, comme sa référence à saint Benoît, patriarche des moines d’Occident, l’indique clairement.
Le Carême qui commence, « ce temps d’entraînement au combat spirituel », devrait être marqué par la fin du Pontificat de Benoît XVI et la tenue du Conclave qui élira un nouveau Pape. Des veillées de prière seront organisées pour en accompagner la préparation spirituelle. Entrons donc dans l’Espérance que donne la foi !
Dans un temps du paraître et de l’image, l’image que donne le Pape traduit pour certains le tonus de l’église catholique romaine. Quelle que soit la valeur du sacrifice fait par Jean-Paul II de ses derniers mois, il est apparu comme un vicaire physiquement très amoindri DONC (dans l’air de notre temps) comme un “berger” bien fragile. Le cardinal Ratzinger plus que tout autre a vécu cet affaiblissement du Pape. Il a pu constater lui-même et tous par la télévision ont constaté qu’il commençait à donner à son tour l’image d’un homme affaibli. Il a certainement estimé que pour l’Eglise et le monde catholique il devait faire place à un autre, d’apparence moins fragile. En renonçant il n’a fait que prendre acte des exigences du temps et de notre temps. Belle lucidité. Et belle annonce exprimée dans la langue de la tradition devant les objectifs et les micros de la modernité. Latin et internet, voilà bien Benoît XVI! L’exemple à suivre. L’exemple suivi par Marc Aillet, don Marc quand il était curé à N-N de la Victoire de Lépante à Saint Raphaël.
Cela fait plaisir de voir au moins un évêque ne pas se mettre derrière tous les commentaires que l’on entend depuis cette annonce. On a entendu parlé de “courage” de la démission du pape. On entend même parler que de çà. “Le Point” titre aujourd’hui: “il a osé” !! C’est dire à quel point que la masse des media et des intelligences de notre temps sont à côté de la plaque de l’évènement.
Selon les évènements, et non les hypothèses ou les désirs cachés, le pape annonce sa démission, non pour des raisons de maladie ou de vieillesse, mais pour une raison SPIRITUELLE. C’en en effet, après des mois de réflexions, méditations et le jour de ND de Lourdes après une longue prière seul à seul avec Dieu, qu’il s’est affermi dans cette décision.
Décision qui ne lui appartient pas de prendre. Seul.
C’est soi les médecins, que nous n’avons pas entendus, soit Dieu lui même qui demande à son pape de se retirer.
Non pas comme un mauvais élève, car sans conteste, notre bien aimé pape aurait avoué au monde entier sa culpabilité, si faute il y avait. Mais comme un SIGNE FORT, donc un acte de gouvernement de l’Eglise. ET ce signe révèle que ce n’est point la personne du pape qui est attaquée aujourd’hui, comme l’ a été Jean Paul II le 13 mai 1981, mais PIRE! l’existence même d’un pape à la tête de l’Eglise. Car c’est bien cela qui est remis sans cesse en cause, et que Benoît XVI , bien au courant, voulait corriger. Il a tout fait pour. Mais plus cela allait, plus il avait d’adversaires au sein même de l’Eglise. Comment faire comprendre alors, qu’il était plus que nécessaire de redonner la place au pape que le Christ a donné à Saint Pierre? Benoît XVI s’est interrogé sur cette question de façon très forte ces derniers temps. Et dans la prière, le Christ lui a demandé de quitter la fonction, pour saisir les esprits qu’il fallait un pape avec la totalité de ses fonctions et pas seulement celles qu’on veut lui donner. Un pape soumis au peuple, aux médias, aux pressions. Seul le départ d’un aussi bon pape que Benoît XVI peut se se faire poser les bonnes questions sur la conduite de l’Eglise telle que le veut le Christ.
J’ai bien peur, malheureusement que le message passe mal, sauf auprès d’évêques comme Mgr Aillet. On va encore entendre que le pape était fatigué, qu’il a choisi de vivre “autrement “…et toutes ces sornettes….