Je découvre dans le compte rendu des débats d’hier à l’Assemblée nationale, cette puissante réflexion d’une certaine Colette Capdevielle, député socialiste (dont j’avoue n’avoir jamais entendu parler jusqu’ici):
Le mariage est une institution républicaine et grâce à ce texte il le deviendra encore davantage. Mais le mariage n’est pas sacré, sauf à considérer que le principe de laïcité est devenu caduc.
J’aime beaucoup l’idée que le mariage sera d’autant plus républicain qu’il cessera d’être un mariage. Il y a un nihilisme stupéfiant dans cette idée de la république.
Mais c’est naturellement la phrase suivante qui m’intéresse. Pour ceux qui en doutaient encore, le “principe de laïcité”, avancé à tort et à travers dans le débat public, n’est pas simplement une expulsion, fût-elle radicale et totale, des religions hors de l’espace public. C’est bel et bien une nouvelle religion. S’il y a quelque chose que toutes les sociétés, tous les penseurs (y compris les plus radicaux des révolutionnaires), ont toujours considéré comme relevant du sacré, c’est bien cette institution où s’organise la transmission de la vie. Dire qu’il n’est pas sacré n’a rigoureusement aucun sens en français. Et on ne peut lire cette phrase que comme le rejet d’un sacré particulier (à savoir le sacré chrétien prioritairement). Et donc la revendication d’un autre sacré (d’ailleurs l’invocation précédente à la république est très claire: remplacez “institution républicaine” par “institution sacrée” et dites-moi si ce n’est pas là un fort joli début de sermon pour un mariage!…). Décidément, ce que les socialistes nous font aujourd’hui, ce n’est pas seulement un changement de civilisation. C’est aussi une guerre de religion.