Lundi 5 novembre 2012.
Mon très cher Lully,
Tu m’as demandé de mettre par écrit ce que je t’ai raconté tout à l’heure en rentrant. Je m’en acquitte bien volontiers.
J’ai bien conscience toutefois – puisque ton blogue est public et qu’il n’y a pas que les amis du Refuge Notre-Dame de Compassion qui peuvent en lire les publications – que ce que je vais écrire risque de me susciter de nouvelles critiques et inimitiés. Je n’en ai cure, puisque ce que je vais écrire n’est que vérité et qu’il ne peut y avoir que des ennemis de la vérité pour y trouver à redire.
Je me suis donc rendu aujourd’hui aux funérailles d’une vieille amie, décédée dans sa quatre-vingt-quatorzième année. Elle priait pour moi avant même que je ne la connaisse, au temps de mes années de lycée, ayant entendu parler de moi par des amis communs.
Ce n’est qu’après être entré dans la vie religieuse que je l’ai rencontrée pour la première fois et, depuis lors, nous sommes toujours restés en contact.
Elle était native de la petite ville où j’ai moi-même passé mon enfance et mon adolescence : l’église dans laquelle ses funérailles étaient aujourd’hui célébrées – église dans laquelle elle avait été baptisée et confirmée, église dans laquelle elle avait fait sa première communion et s’était mariée – est aussi l’église où j’ai moi-même reçu les sacrements de baptême, de confirmation et d’Eucharistie, église où ont mûri beaucoup de choses dans mon âme, église dans laquelle je n’entre jamais sans une profonde émotion spirituelle…
Cependant le bonheur intérieur que j’ai toujours à retourner dans « mon » église était aujourd’hui – et il en est ainsi toutes les fois où les convenances m’obligent à assister à une cérémonie religieuse en dehors des églises où est célébré le rite latin traditionnel – mêlé à de la crainte et à de l’appréhension.
Je pense que beaucoup de fidèles catholiques pratiquant la « forme extraordinaire du rite romain » doivent éprouver les mêmes inquiétudes que moi chaque fois qu’ils doivent assister à un culte « post-conciliaire » : qui va célébrer? ce prêtre sera-t-il vraiment catholique? comment va-t-il célébrer? que vais-je devoir subir comme entorses aux règles liturgiques? quelles chansonnettes insipides mes oreilles vont-elles devoir supporter? quelles âneries, quelles erreurs ou même quelles hérésies vais-je encore devoir entendre au sermon?