Mardi 30 octobre 2012.
A l’approche de la commémoraison solennelle des trépassés, le 2 novembre, et aussi parce que la tradition spirituelle a spécialement consacré le mois de novembre à la méditation des fins dernières, j’avais le désir – en corollaire de cette thématique – de publier sur ce blogue un texte rappelant les règles de l’Eglise Catholique à propos de la crémation des corps des défunts.
C’est alors que, fort opportunément, m’est arrivé le n°39 (novembre 2012) de « La Barrette de Saint-Pierre des Latins », bulletin mensuel destiné aux membres de la communauté Summorum Pontificum du diocèses de Nancy & Toul (cf. > www).
Comme à l’accoutumée, ce bulletin est d’une excellente teneur spirituelle, doctrinale, culturelle… et ne manque pas d’humour, aussi je ne peux que vous engager à le lire dans son intégralité en cliquant ici > www.
Justement, on peut y lire ce mois-ci un texte consacré à la crémation et contenant, à peu de choses près, ce que je me préparais moi-même à écrire : ce pourquoi, avec la très aimable autorisation de Monsieur l’abbé F. Husson – zélé pasteur des fidèles Summorum Pontificum du diocèse de Nancy & Toul, que je remercie très chat-leureusement – , je reproduis tout simplement ci-dessous ce qu’il a publié dans « La Barrette de Saint-Pierre des Latins ».
Le Guerchin : « Et in Arcadia ego ».
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Inhumation ou incinération : Réflexions.
Commençons le propos par deux anecdotes significatives.
Une de mes connaissances me raconta avoir fait l’acquisition dans une brocante d’un vase en marbre de style incertain « Gréco-Napoléon III ». Il trouvait que l’objet serait décoratif et qu’il aurait sa place dans un certain endroit de sa maison.
Curieusement, le vase Gréco-Empire second (et non pas le second en pire!) était bouché. Toutefois, il nettoya le lourd objet d’art et le plaça à l’endroit voulu. Seulement, l’épouse de notre amateur d’antiquités voulait un vase à fleurs et non pas un objet encombrant de plus. Donc, mon bonhomme s’acharna à déboucher son acquisition. Il y parvint et découvrit que son vase contenait des cendres.
En réalité, il s’agissait d’une urne funéraire. Comment s’était-elle retrouvée dans une brocante, c’est un mystère et cette histoire bien réelle ne le dit pas.
Je vous conte ici une seconde anecdote authentique avant d’évoquer l’essentiel de mon propos.
Ce jour-là, dans sa propriété campagnarde, une de nos amies attendait avec impatience et émotion un colis postal en provenance d’Allemagne où elle avait vécu avant de s’installer en Lorraine.
Le facteur rural arriva dans la petite voiture jaune canari que l’on connaît. Il fit signer les papiers d’usage et remit le colis à notre amie qui ne put cacher son émotion. Prenant le paquet dans les bras, elle s’écria, les larmes aux yeux : « Maman! »… En effet, il s’agissait des cendres de sa mère qui s’était fait incinérer et qui lui parvenaient par colis postal.
L’urne funéraire fut conservée un temps au-dessus de la cheminée du salon. Finalement, notre amie décida de l’enterrer au fond de son jardin, où quelque temps plus tôt elle avait enterré son chien.
On peut se demander quel est le sort des urnes renfermant les cendres des défunts « crématisés » qui ne sont pas déposées dans les cimetières?
Le général Marcel Bigeard voulait que ses cendres soient dispersées sur Dien-Bîen-Phû. Malheureusement, son souhait n’a pas été respecté. L’urne funéraire a été confisquée et déposée au Panthéon.
J’ai une amie qui a balancé à la mer les cendres de son mari à l’endroit où ils affectionnaient d’aller en vacances… Le moins que l’on puisse dire, c’est que tout cela n’est pas sérieux.
L’eglise a toujours refusé l’incinération des défunts, pratique impie, prônée jusqu’à présent par les seuls libre-penseurs et les francs-maçons.
Pourtant cette pratique est aujourd’hui adoptée par les baptisés. Elle est anti-naturelle et anti-catholique. Cette coutume barbare et impie se dresse contre la piété chrétienne et naturelle. L’Eglise a le respect de la dépouille mortelle, d’ailleurs exprimé dans le rite funéraire. Le corps est le temple du Saint-Esprit (1 Cor. III, 16). Le corps temple de Dieu, car sanctifié par les sacrements, doit être déposé en terre bénite, où il se consume naturellement en attendant la résurrection des morts.
A la fin du XIXe siècle et avec les lois anti-religieuses, les loges maçonniques ont préconisé et se sont efforcées d’introduire l’usage de la crémation des corps des défunts. L’Eglise alors s’éleva avec force contre cette pratique qu’elle sanctionna des plus sévères condamnations. Cette discipline fut pourtant atténuée en 1963, lors du concile (*).
Voyons la signification des mots :
– La crémation désigne brûler les corps au lieu de les inhumer.
– L’inhumation (in et humus) est la déposition d’un cadavre humain en terre (dans le même sens on dit enterrement).
– Incinération est le terme employé pour la crémation des ordures ménagères.
– Cimetière : champ du repos (**) dans l’attente de la résurrection.
On enterre les morts, même ses ennemis. Il y a piété de la pratique chrétienne d’inhumer les corps pour les laisser à la décomposition naturelle dans l’attente de la résurrection. Dieu avait dit à Adam : « Tu retourneras à la terre d’où tu as été tiré » (Genèse III, 19).
La révolution, foncièrement anti-catholique, a voulu favoriser la crémation en 1796, mais le sujet est resté sans écho. C’est en 1886 que la chambre des députés adopta le projet de loi sur la liberté d’être incinéré. Un four crématoire fut alors établi au cimetière du Père Lachaise à Paris. La loi fut rendue exécutoire le 27 avril 1889.
Durant des années, on a évoqué avec horreur les fours crématoires des camps Nazis et aujourd’hui, on accepte ce mode d’effacement des corps.
Il y a actuellement une volonté d’empêcher d’aller se recueillir sur les tombes. Le but est de faire disparaître toutes traces de Christianisme. La crémation-incinération est désacralisante. Elle est l’oeuvre mise en place par la subversion anti-chrétienne organisée. Elle porte également atteinte au culte des reliques en vue de les faire disparaître.
Que les âmes des fidèles trépassés reposent en paix…
Et nous, va-t-on nous fiche la paix avec l’incinération qui devrait seulement être réservée aux ordures ménagères!
Jean-Marie Cuny.
(*) L’une des principales raisons invoquées pour cet assouplissement de la discipline est le fait qu’il est impossible, voire interdit, dans certains pays d’Extrême-Orient d’ensevelir les défunts.
(**) Du grec « Koimitirion », lieu où l’on dort.
Cheminées du four crématoire au cimetière du Père Lachaise – Paris.
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Le droit actuel de l’Eglise :
Voici ce que dit aujourd’hui le Droit Canon à propos de l’incinération :
canon 1176 – §3 : L’Eglise recommande vivement que soit conservée la pieuse coutume d’ensevelir les corps des défunts ; cependant elle n’interdit pas l’incinération, à moins que celle-ci n’ait été choisie pour des raisons contraires à la foi chrétienne.
canon 1184 – §1 : Doivent être privés des funérailles ecclésiastiques, à moins qu’ils n’aient donné quelque signe de pénitence avant leur mort : 1) (…) 2) les personnes qui auraient choisi l’incinération de leur propre corps pour des raisons contraires à la foi chrétienne.
Il est à noter que les évêques italiens ont interdit la sépulture ecclésiastique dans le cas de défunts demandant l’incinération et ensuite la dispersion de leurs cendres (le général Bigeard n’aurait pas pu avoir une cérémonie religieuse en Italie pour ses obsèques, suite à son désir de dispersion des cendres). De même, il y a interdiction si les héritiers veulent « conserver » l’urne. Les obsèques religieuses ne sont donc permises en Italie que si les cendres sont placées dans un colombarium dans un cimetière.
D’autres part, selon les directives romaines, les obsèques religieuses ne peuvent se faire en présence de l’urne, elles doivent se faire avant l’incinération. Et la cérémonie religieuse ne peut avoir lieu sur le lieu de l’incinération.
Enluminure du XIVe siècle représentant une inhumation.
Sujets connexes abordés dans ce blogue :
– De la commémoraison des trépassés > www.
– Prière à la Vierge de Compassion en faveur des âmes du Purgatoire > www.
– A Rome, le Musée du Purgatoire > www.
– Catholicisme et franc-maçonnerie > www.