L’archevêque de Poitiers prend le soin de raconter sa rencontre avec le Souverain Pontife, dans le cadre des visites ad limina :
C’est le samedi 22 septembre, dans la matinée, que les cinq évêques de la Province de Poitiers rencontraient sa Sainteté le Pape Benoît XVI. Cette rencontre se tenait à la résidence d’été du Pape à Castel Gandolfo. La veille, c’est l’ensemble de notre groupe qui s’était rendu dans le même lieu : à 12h15, le Pape adressait un discours aux 32 évêques des Provinces de Rouen, Rennes, Tours, Bordeaux et Poitiers. Ce discours est accessible sur le site Internet du diocèse, je vous invite à le lire.
Donc, à 11h, ce samedi 22, nous sommes introduits dans une salle où, debout, nous attend le Pape. Chacun de nous, à commencer par le métropolitain, le salue, et bien sûr, une photo est prise. Ensuite, les personnes qui se trouvaient dans la pièce la quittent, et nous ne demeurons que six : les cinq évêques et le pape. Nous sommes assis en cercle, autour de son fauteuil. C’est de manière très simple, fraternelle puis-je même dire, que nous pouvons parler avec le successeur de Pierre. Pendant un peu moins de 45 minutes, chacun des évêques est invité à exprimer au Pape ses réflexions, ses préoccupations, l’une ou l’autre question. C’est vrai, le Pape est un homme âgé, frêle dans sa constitution, sa voix n’est pas forte, mais elle ne l’a jamais été ; cependant, c’est avec une totale présence et une pensée aigüe qu’il écoute, parle, développe sa pensée.
Il ne me revient pas de parler des propos échangés avec mes confrères évêques. Pour ma part, avoir avoir brièvement rappelé quelques caractéristiques sociologiques et culturelles de nos diocèses – mais je me suis bien vite rendu compte que je n’apprenais au Pape rien qu’il ne sache déjà – j’ai proposé la réflexion suivante : La société démocratique et libérale ne se reconnaît plus de référent commun ; la loi naturelle n’est pas perçue comme un invariant qui s’appliquerait à tous. La loi civile devient alors ce qui organise les comportements des individus et non une norme valable pour tous. Dès lors, le législateur comprend son rôle comme celui d’un simple organisateur des moeurs des citoyens. Dans ce contexte, peut-il y avoir une loi commune à tous dans une société qui ne se reconnaît aucune référence transcendance ? Après l’échange que nous eûmes avec Benoît XVI, celui-ci nous a donné sa bénédiction apostolique et chacun des évêques de la province l’a salué. La Pape m’a alors demandé : « Mgr Rouet est-il demeuré à Poitiers ? » Je lui ai répondu qu’il était désormais à Périgueux où à la fois il participe à la vie de l’Eglise locale et d’où il peut répondre à de nombreuses invitations, tant en France qu’à l’étranger. Les évêques mesurent le prix d’une telle rencontre. Plus que du temps accordé, ce qui est déjà beaucoup, c’est vraiment l’attention du coeur, la sollicitude fraternelle qui est manifestée par le Pape. Nous les recevons comme un appel pour notre propre ministère, en particulier dans la relation que nous avons avec les prêtres de nos presbyterium.