Tous ceux qui s’intéressent au communisme, ou plus exactement, à la lutte anti-communiste, liront avec intérêt la biographie que Pierre Rigoulot vient de consacrer à Georges Albertini.
Peu de livres ont été consacrées à cette figure énigmatique, au parcours étonnant, venu du socialisme et du pacifisme, passé par la collaboration pendant la Seconde Guerre mondiale, pour finir à la tête d’un centre contre le communisme. Celle de Pierre Rigoulot se lit avec intérêt. Bien écrite, destinée au grand public, elle s’appuie sur de nombreuses archives, peu ou pas exploitées jusqu’ici. Elle ne dévoile pas tout, car Albertini emportera toujours avec lui une part de son secret.
Mais on n’apprend beaucoup sur les milieux politiques français, aussi bien de droite que de gauche. De fait, Georges Albertini fut en contact avec la quasi-totalité du monde politique français, établissant des réseaux, nouant des contacts, tentant d’influencer ses interlocuteurs pour les pousser à mener la bonne opposition au communisme.
Pierre Rigoulot note à la fin de son livre ce paradoxe tragique. Logiquement, Albertini s’était opposé à l’union de la gauche qui vit la victoire de François Mitterrand en 1981. Or c’est l’arrivée au pouvoir des communistes qui tua finalement le parti communiste. C’est du moins ce que l’on répète aujourd’hui habituellement et ce que pense l’auteur. Une telle affirmation mériterait d’être réévaluée car les causes de l’échec du PCF sont certainement plus nombreuses (mais ce n’est pas l’objet de ce livre).
Étrangement, Pierre Rigoulot estime qu’Albertini a eu tort de faire des communistes des adversaires absolus (« attitude phobique et surtout contre-productive » écrit-il). Il en voit la cause dans l’échec subi par Albertini comme collaborateur. Si on peut ne pas partager un tel avis, on trouvera dans ce livre une photographie passionnante de tout un monde souterrain. On l’on retrouve plusieurs personnalités du monde catholique comme Jean Madiran ou Marcel Clément (Perrin, 410 pages, 24,50€).