Ce n’est pas évidemment le seul prêtre français en apostolat aux États-Unis. On en compte en effet un certain nombre comme le Père Jean-Marie Vincent, très connu puisqu’il est le curé de la paroisse St. Louis à Washington dans la capitale fédérale. Mais il faudrait aussi citer d’autres prêtres : certains également de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pierre (FSSP), d’autres de l’Institut du Christ-Roi Souverain Prêtre ou encore de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X… Pour ne citer que des prêtres attachés à la forme extraordinaire du rite romain. Ces prêtres français sont, pour certains, régulièrement incardinés dans les diocèses américains. D’autres pas. Pas encore… espérons-le.
Ils rejoignent, sans peut-être le savoir, une immense cohorte d’évêques (une quarantaine), de prêtres, de religieux français qui, par centaines, n’ont pas peu contribué à fonder l’Église catholique aux États-Unis à partir de 1789 – pour ne rien dire de ces innombrables Français qui ont évangélisé le continent Nord-Américain dès le XVIe siècle.
La dernière livraison (n° 65, juin 2012) de la Lettre aux amis et bienfaiteurs du district de France de la FSSP, reproduit un très sympathique texte de l’abbé Benoît Guichard, chapelain de Our Lady of Fatima Chapel située à Pequannock dans le New Jersey (diocèse de Paterson). Il nous en dit beaucoup sur la réalité de son apostolat, ses difficultés et ses joies. J’ai souhaité vous communiquer cette expérience et je remercie le district de France de la FSSP de m’en avoir autorisé la reproduction.
La Fraternité Sacerdotale Saint-Pierre (FSSP) est internationale aussi bien dans son origine, son recrutement que son apostolat. Aujourd’hui, ses prêtres et séminaristes viennent des cinq continents où peu à peu ses apostolats s’y propagent. Ainsi, et peut-être malgré elle, la FSSP renoue avec une pratique moyenâgeuse qui voyait ses clercs s’expatrier pour poursuivre leurs études et se mettre au service du Seigneur. Dans cette lignée, quelques prêtres français exercent leur ministère en des terres lointaines, en particulier sur le vaste continent américain.
Dès le début des années 90, la FSSP a étendu son apostolat aux États-Unis. Ainsi, par exemple, en 1993, à la mort d’un prêtre franciscain fort zélé, la FSSP s’est vue confié par l’évêque de Paterson la charge pastorale d’une communauté traditionnelle un peu hors norme, située à Pequannock, dans le New Jersey. Un peu partout aux États-Unis, de petites communautés de catholiques soucieux de conserver la foi catholique et la liturgie traditionnelle émergèrent à la suite des bouleversements de l’après Concile. Celles-ci, appelées « chapelles indépendantes » en raison de leur légalité canonique souvent douteuse, permirent ainsi la création des premiers noyaux, puis de paroisses traditionnelles, les choses se régularisant doucement avec le temps.
Depuis lors, de nombreux prêtres se sont succédés dans notre chapelle Our Lady of Fatima, à Pequannock. L’abbé Arnaud de Boisse y servit de 2001 à 2004. L’abbé Benoît Guichard l’a remplacé depuis. Secondé par deux prêtres, l’un originaire du New Jersey, l’autre d’Australie, l’abbé Guichard a la charge d’administrateur depuis 2006. Tous trois s’exercent à répondre à une demande apostolique qui ne laisse pas beaucoup de temps à l’oisiveté. Petite par la taille de ses murs, Our Lady of Fatima Chapel ne l’est cependant pas par l’envergure de son ministère.
Quatre Messes sont offertes le dimanche, deux ou trois chaque jour de la semaine ; les confessions sont proposées avant chaque Messe. Les Vêpres sont chantées chaque samedi, les Complies chaque vendredi. Le Très Saint-Sacrement est solennellement exposé tous les dimanches après-midi. Les dévotions des premiers vendredis et samedis du mois, les neuvaines à Notre-Dame de la Médaille Miraculeuse, aux saints jésuites français martyrisés sur le sol américain au XVIIe siècle ont une place importante. Une chorale jeune et talentueuse qui compte plus d’une trentaine de membres chante avec cœur. Elle a déjà enregistré deux CD…
Et puis bien sûr, il faut mentionner la présence d’une école d’une soixantaine d’élèves du CP à la Terminale. Grâce à la générosité des paroissiens, cette école forte de 35 ans d’existence a permis la formation morale, religieuse et intellectuelle de nombreux élèves qui s’en vont aujourd’hui dans le monde certainement mieux préparés. Le programme de l’école comprend la Messe et la récitation du chapelet quotidiennes, la confession chaque semaine, à quoi se jumelle un programme académique fort sérieux. À ce jour, aucune université n’a refusé la candidature d’un de nos élèves.
Trois groupes de jeunes sous forme de patronage, totalisant plus d’une centaine d’enfants, se réunissent une fois par mois pour des activités diverses. Planifier les activités n’est pas toujours évident, car les lieux se partagent avec les répétitions pour la soixantaine de servants de messe et le groupe du Tiers-Ordre carmélitain qui lui aussi se réunit chaque mois.
Ce qui frappe immédiatement l’esprit d’un Français à son arrivée ici, c’est la générosité des fidèles. Par exemple, la plupart des fidèles font 35 à 40 minutes de voiture pour venir à la messe le dimanche ou souvent en semaine. Certains viennent même de 150 km. Tous prient le chapelet en famille quotidiennement… Quel exemple pour notre vieille France !