18 organisations chrétiennes, catholiques et protestantes, se sont unies sur le thème de l’accueil de l’étranger en publiant une une brochure à visée politique sur l’immigration, intitulée : « A la rencontre du frère venu d’ailleurs ». Trois évêques- Mgr François Garnier, Archevêque de Cambrai, Président de la Commission épiscopale pour la Mission universelle (CEMUE), Mgr Laurent Dognin, Évêque auxiliaire de Bordeaux, membre de la CEMUE pour la Pastorale des migrants, Mgr Yves Boivineau, Évêque d’Annecy, Président de Justice et Paix-France, et deux directeurs de services nationaux, concernés par ce sujet, le P. Bernard Fontaine, Directeur du Service national de la pastorale des migrants et des personnes itinérantes et le P. Pierre-Yves Pecqueux, Directeur du Service national pour la Mission universelle et des œuvres pontificales missionnaires ont signé cette brochur. Mgr Renauld de Dinechin, évêque auxiliaire de Paris et membre de la CEMUE pour la Pastorale des migrants est venu présenter cette démarche lors d’une conférence de presse.
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, il n’y a rien qui renvoie à l’évangélisation de l’étranger dans ce document. Sa portée est uniquement politique. Son unique Credo est le suivant : l’immigration est une chance, l’islam n’est pas un problème et l’intégration fonctionne. On se demande dans quelle bulle ces personnes vivent.
Il est dommage de ne pas rappeler la doctrine de l’Eglise catholique sur ce sujet d’importance. Le Catéchisme de l’Eglise Catholique enseigne :
«Les autorités publiques peuvent, en vue du bien commun dont elles ont la charge, subordonner l’exercice du droit d’immigration à diverse conditions juridiques, notamment au respect des devoirs des migrants à l’égard des pays d’adoption».
La Commission pontificale Justice et Paix, le 3 novembre 1988, dans l’Eglise face au racisme, rappelle qu’
«il appartient aux pouvoirs publics, qui ont la charge du bien commun, de déterminer la proportion de réfugiés ou d’immigrés que leurs pays peut accueillir, compte tenu de ses possibilités d’emploi et de ses perspectives de développement».
Il faut même préciser que si l’Eglise considère l’immigration comme un droit, elle ne la tient pourtant pas pour un bien. Dans l’encyclique Laborem Exercens, en 1981, Jean Paul II écrivait que l’émigration est «en des circonstances déterminées, ce que l’on appelle un mal nécessaire», puisque, comme le soulignait déjà Léon XIII, personne «ne consentirait à échanger contre une région étrangère sa patrie et sa terre natale, s’il y trouvait les moyens de mener une vie plus tolérable». En outre, l’émigration constitue, rappelait Jean Paul II, «une perte pour le pays d’où on émigre», puisque «vient à manquer un sujet du travail qui, par l’effort de sa pensée ou de ses mains, pourrait contribuer à l’augmentation du bien commun dans son pays».
Et Benoît XVI insiste sur la complexité de ce sujet, qui ne se résoudra pas à coup de bons sentiments de chrétiens, baignés dans l’affectif irrationnel :
« Nous pouvons dire que nous nous trouvons face à un phénomène social caractéristique de notre époque, qui requiert une politique de coopération internationale forte et perspicace sur le long terme afin d’être pris en compte de manière adéquate. Une telle politique doit être développée en partant d’une étroite collaboration entre les pays d’origine des migrants et les pays où ils se rendent; elle doit s’accompagner de normes internationales adéquates, capables d’harmoniser les divers ordres législatifs, dans le but de sauvegarder les exigences et les droits des personnes et des familles émigrées et, en même temps, ceux des sociétés où arrivent ces mêmes émigrés. Aucun pays ne peut penser être en mesure de faire face seul aux problèmes migratoires de notre temps. Nous sommes tous témoins du poids de souffrances, de malaise et d’aspirations qui accompagne les flux migratoires. La gestion de ce phénomène est complexe, nous le savons tous ; il s’avère toutefois que les travailleurs étrangers, malgré les difficultés liées à leur intégration, apportent par leur travail, une contribution appréciable au développement économique du pays qui les accueille, mais aussi à leur pays d’origine par leurs envois d’argent. Il est évident que ces travailleurs ne doivent pas être considérés comme une marchandise ou simplement comme une force de travail. Ils ne doivent donc pas être traités comme n’importe quel autre facteur de production. Tout migrant est une personne humaine qui, en tant que telle, possède des droits fondamentaux inaliénables qui doivent être respectés par tous et en toute circonstance. »