C’est un peu l’une des surprises, et même l’une des bonnes surprises, de ces derniers temps en matière d’édition. On connaît les Réflexions sur la Révolution française de l’irlandais Edmund Burke qui fut l’un des premiers à analyser le processus révolutionnaire de 1789. Avec sa Lettre à un membre de l’assemblée nationale sur la révolution française et Rousseau (Mille et une nuits, 116 pages, 4,50€), Edmund Burke poursuit sa critique virulente contre l’esprit du nouveau régime établi en France.
Mais cette Lettre n’est pas un genre littéraire qu’aurait adopté l’écrivain afin de faire passer son message. Il s’agit bien d’une missive envoyée à François Louis Thibaut de Ménonville qui lui-même avait adressé un courrier à Burke pour lui faire part d’un certain nombre d’erreurs qu’il avait relevées dans les Réflexions sur la Révolution française.
À son tour, Burke répond en corrigeant certaines erreurs, mais se donne pour tâche également de montrer que la contre-révolution est impossible en France sans une aide extérieure. S’il avoue assez vite le peu d’estime qu’il porte à Rousseau (« il a laissé bien peu de traces dans mon esprit »), il n’en opère pas moins une critique du projet révolutionnaire dans sa totalité qui vise à transformer les rapports sociaux de toute une nation. Il en profite pour dénoncer la « faction jacobine » anglaise, véritable alliée selon lui des révolutionnaires français et dont l’esprit missionnaire est le même, en vue d’une transformation totale du pays.
On a toujours intérêt à lire Burke, et cette nouvelle édition, avec une nouvelle traduction et des notes bien nécessaires pour suivre le texte, permet de découvrir ou de redécouvrir un auteur qui aborde de front les fondamentaux de notre société. L’édition a été placée sous la direction de Patrick Henry, auteur d’un essai sur Burke publié chez Michalon.