Le terme bishop (évêque) pour désigner cette pièce du jeu d’échecs dans le monde anglo-saxon, semble apparaître dans la langue anglaise dès le XVIe siècle (la plus ancienne mention remonte aux années 1590), et pourrait être emprunté à biskup (évêque) nom de cette pièce en islandais dès le début du XIVe siècle. Dans la saga islandaise de Magus (Maugis d’Aigremont), écrite entre 1300 et 1325, dans un empereur (ou roi) est mis mat par un évêque dans une partie d’échecs. De très anciennes pièces d’échecs, sculptées au XIIe siècle dans des défenses de morse, et découvertes en 1831 dans l’île de Lewis de l’archipel des Hébrides extérieures (Écosse) alors sous souveraineté du roi de Norvège, offrent pas moins de seize pièces figurant indubitablement des évêques avec mitres et crosses (image de gauche). Le bishop fut stylisée – avec les autres pièces du jeu – en 1849 par le fabriquant anglais de jeux Jacques of London sur la base de prototypes de Nathaniel Cook, qui constituent désormais le standard des pièces de nos jeux d’échecs (image de droite). Le bishop y est réduit au symbole de la mitre…
Mais alors, comment cette pièce des échecs a-t-elle pu devenir le fou, en français?
Probablement à cause d’un personnage traditionnel à la Cour des rois de France : le « fou » (ou « bouffon ») du Roi. Une “fonction” qui semble apparaître dès le XIVe siècle et disparaîtra sous Louis XIII. Avant le XIVe siècle et en ancien français, la pièce était nommée alfin ou aufin (de l’arabe al fil – éléphant – lui-même emprunt du persan). En Espagne comme en Italie, la pièce a gardé son étymologie arabe : respectivement alfil et alfiere.
Et c’est ainsi qu’un éléphant arabe devient un évêque islandais…
En fait la figure de l’éléphant vient de l’Inde – le jeu du chaturanga (± VIe siècle) qui devait se jouer à quatre – puis est passé, avec ses éléphants, en Perse, avant l’invasion arabe. Espérons que les éléphants islamophiles du PS deviendront eux-aussi des évêques même hollandais…