C’est exactement le livre qu’on attendait depuis 50 ans. La longue et interminable campagne lancée contre le Pape Pie XII s’est appuyée sur la fameuse pièce de Rolf Hoschhuth, Le Vicaire qui mettait en scène un Pape dont la responsabilité dans le génocide juif ne faisait guère de doute.
L’Histoire a depuis longtemps répondu à cette tentative de déstabilisation, commanditée par les services secrets roumains, diligentés eux-mêmes par le KGB. Mais, à ma connaissance, aucune pièce de théâtre n’avait répondu sur son terrain à celle d’Hoschhuth. C’est fait désormais, avec la pièce, bien construite et bien documentée, que vient de publier Alain Didier aux éditions Via Romana sous le titre, Eugenio ou les deux Testaments (152 pages, 14€). La figure du Pape est ici rendue dans toute son épaisseur historique et sa sensibilité spirituelle. Mais Pie XII n’est pas le seul personnage qui apparaît dans ce texte où les envoyés Allemands ou Américains, par exemple, sont également très présents.
En parallèle, une belle figure, celle du grand rabbin de Rome, Israël Zolli (alors, Italio Zolli, en raison des lois antisémites de 1938), transparaît également, jouant ici, vis-à-vis de ses coreligionnaires, puis du Pape, un rôle essentiel.
C’est d’ailleurs sur le récit de sa conversion, ou de l’accomplissement de sa foi, que se termine cette belle défense du pape Pie XII. Les notes en fin de volume montrent le sérieux du travail historique effectué au préalable pour restituer au mieux la vérité d’une situation difficile et complexe. L’annexe montre aussi la position de l’Église sur le nazisme. Enfin, la très belle préface de Judith Cabaud, spécialiste de Zolli, est une excellente entrée en matière.