Ceux qui aiment la littérature prendront plaisir à relire ou à découvrir les Chroniques littéraires (Via Romana, 384 pages, 24€) de Georges Laffly. Né en 1932, décédé en 2008, touché à vif par la perte de l’Algérie, Georges Laffly fut un critique littéraire hors pair et d’une immense érudition qu’il cachait sous des dehors simples. Il fut un grand collaborateur de la revue Itinéraires de Jean Madiran (dans laquelle il tint également la rubrique Théâtre sous le pseudonyme de Jacques Cardier) mais il fit partagé sa passion de la littérature à nombre d’autres publications comme La Nation française de Pierre Boutang (qu’il quitta quand celui-ci se rapprocha du gaullisme), Rivarol, Le Spectacle du monde ou Le Figaro littéraire.
Dans sa préface, Jean Madiran le rattache directement à l’école contre-révolutionnaire qu’il définit comme étant réfractaire à la modernité « issue de la Révolution française ». De Georges Laffly, il précise qu’il « a été témoin à charge, un témoin sans illusions contre la défaillance générale des autorités religieuses, civiles, militaires et judiciaires de la France asservie ». Je prendrai le risque ici de dire que cette présentation me semble incomplète. À sa manière, Georges Laffly fut aussi un passeur, celui qui a transmis selon son talent et sa propre musique intérieure un peu de ce qu’il a reçu. Pour les générations nées après la Guerre d’Algérie et le Concile, et qui ont eu le bonheur de le lire, il a permis d’entrer dans un autre univers que celui de la culture passée au tamis de la TV, la culture Jack Lang, pour égouttoir de service. En ce sens, Jean Madiran a raison d’écrire que l’on peut qualifier les chroniques réunies dans ce livre, de « chroniques philosophiques ». Georges Laffly nous a, en effet, appris à lire et à penser. On le découvre aussi poète avec la publication en fin de volume de poèmes inédits.
En attendant de le lire, voici la présentation que propose l’éditeur :
Les bons critiques littéraires sont rares et les moralistes désertent la cité, cédant leur vigie aux promoteurs d’une pensée unique ou conforme aux nouveaux tabous : les rieurs singent la sédition, les penseurs, l’insurrection. Quarante ans de libres réflexions éclairent ces pages que parcourent les thèmes et l’actualité littéraire d’une époque où l’on guettait le dernier Camus ou le nouveau Sagan, l’insolent Perret ou l’indolent Roger Martin du Gard, années marquées par l’exil des rapatriés, exil dont on mesure ici combien il fit de Georges Laffly l’écorché vif extra-lucide des mœurs et des écrits d’un temps où tout s’accéléra pour le meilleur et pour le pire avec l’exigence du style, du talent, du caractère.