Avant-hier, jeudi 29 mars, le cardinal André Vingt-Trois a clôturé l’assemblée plénière de la Conférence épiscopale par son traditionnel discours. Il est revenu sur le thème principal, à savoir la nouvelle évangélisation, l’associant de facto avec le dialogue interreligieux :
“Dans notre pays aujourd’hui, le dynamisme de l’évangélisation est indissociable de la rencontre des autres religions qui s’imposent dans le champ social de beaucoup de nos communautés. La méfiance commune que nous partageons à l’égard de toute forme de prosélytisme ne doit pas constituer un empêchement au témoignage de la foi. Nous voyons différents groupes religieux déployer une stratégie de conquête ou de confrontation pour démontrer la force supérieure de leurs religions. Dans certains ensembles scolaires, ces stratégies vont parfois jusqu’à des violences qui expriment en même temps les difficultés de l’intégration sociale en prenant une forme de confrontation religieuse. La foi catholique ne se situe pas dans ce rapport de forces. Elle doit être proposée à la liberté personnelle de chacun. Sa capacité d’attraction ne repose ni sur la force ni sur les effets spectaculaires.”
Derrière la langue de buis, chacun aura reconnu l’islam, qui est bien la seule religion à se situer dans un rapport de force, notamment dans le milieu scolaire. L’école était justement l’un des thèmes de cette assemblée :
“Le long temps que nous avons consacré à travailler sur le projet des statuts de l’enseignement catholique nous a permis d’exprimer clairement notre approche de cette mission de l’Église. Cette mission s’enracine dans une longue histoire qui a été marquée par la présence et l’action de l’Église dans la promotion des cultures. Parce que la rencontre du Christ ouvrant à la connaissance de Dieu s’adresse aussi à l’intelligence humaine, nous savons que l’investissement dans le développement des potentialités culturelles des jeunes est un premier pas vers la possibilité d’accueillir la Parole de Dieu annoncée et transmise. Dans un environnement où les critères d’évaluation des méthodes éducatives se réduisent trop souvent à la poursuite des diplômes et de leurs promesses de succès social, il nous paraît important de mettre en œuvre une éducation qui allie l’acquisition normale des compétences à une recherche constante pour favoriser le développement intégral de la personne. Nos établissements doivent devenir de plus en plus performants dans ce domaine et offrir à leurs élèves l’opportunité d’atteindre la plénitude de leurs possibilités, jusqu’à la libre rencontre du Christ pour ceux qui y sont ouverts. C’est le même souci dont nous sommes les héritiers quand nous poursuivons l’œuvre des grands éducateurs chrétiens, dont les méthodes ont d’ailleurs souvent été reprises par les pédagogues laïcs. Nous n’oublions pas que la plupart des fondations scolaires dont nous héritons on été conçues pour ouvrir au moins les premiers degrés de l’instruction aux plus déshérités. C’est dans la fidélité à leur compréhension de l’évangile que nous souhaitons que l’enseignement catholique unisse la qualité et l’innovation pédagogiques à l’accueil des plus démunis de notre temps : enfants handicapés, enfants de familles éclatées, enfants en risque de marginalisation sociale, etc. C’est l’honneur de nos établissements d’être à la fois réputés pour la qualité de leur enseignement et leur capacité d’accueil et d’accompagnement éducatif. Nous nous réjouissons de voir une jeune génération d’enseignants entrer dans ce métier souvent difficile avec le désir de servir cette mission de l’Église. Nous nous réjouissons aussi de voir, en bien des endroits, se développer une collaboration réelle entre les établissements scolaires et les communautés chrétiennes qui peuvent et doivent leur apporter un soutien constant. L’enseignement catholique n’est pas seulement l’affaire professionnelle d’une partie de l’Église. Il est un des éléments forts de la mission éducatrice de l’Église entière.”
Ici, la langue de buis atteint des sommets, preuve s’il en est qu’il n’y a plus aucune unité entre les évêques sur ce sujet depuis que Mgr Cattenoz a lancé son pavé dans la mare de l’enseignement dit catholique. L’archevêque de Paris oublie de signaler que bon nombre d’établissements relevant des diocèses n’ont plus rien de catholique, que leurs enseignements ne sont plus marqués par une identité catholique, que le catéchisme, facultatif, est souvent plus proche d’un vague enseignement humaniste voire contestataire. Et enfin que l’enseignement catholique hors-contrat, qui connaît une forte croissance, attend le soutien explicite des évêques.