Spécialiste de l’Action française, du mouvement conservateur et des théologiens anti-libéraux, François Huguenin sortira le 12 avril prochain un très gros livre aux éditions Perrin. Sous le titre, Les voix de la foi, vingt siècles de catholicisme par les textes, il s’agit d’un recueil de textes qui évoquent le christianisme à travers les âges. De saint Jean l’Évangéliste à Jean Vanier, en passant par saint Augustin, saint Thomas d’Aquin, Pie VI, Léon Bloy ou Henri de Lubac (et beaucoup, beaucoup d’autres), ce livre représente un véritable exploit et un réel goût du risque de la part de son auteur. Plus on avance vers notre époque, plus il risque, en effet, d’être accusé de mettre en avant les auteurs qu’il préfère et de laisser dans l’ombre les autres.
De fait, on ne sera pas tout à fait convaincu par ses explications : « les précurseurs sont plus cités que leurs disciples ; les novateurs plus que les consolidateurs. » François Huguenin précise d’ailleurs : « l’écueil le plus banal était celui de raconter sa propre histoire du catholicisme. C’est pourquoi l’auteur a tenu à utiliser plusieurs garde-fous : le recours au conseil extérieur pour le choix des textes ; l’utilisation d’un large vivier bibliographique constitué d’auteurs de statuts et de sensibilité différents ; l’emploi systématique du Catéchisme de l’Église catholique sur les questions doctrinales ».
Alors pourquoi ne pas être convaincu ? Tout simplement parce que la subjectivité est toujours au rendez-vous d’un livre et que « précurseurs » et « novateurs » recouvrent souvent des figures qui passent pour l’être avant de s’user très vite.
François Huguenin a réalisé ici un travail remarquable, fruit d’une véritable culture chrétienne, assez impressionnante par sa variété. Il aurait seulement dû l’assumer pleinement et offrir « son » choix des textes qui forment les étapes de l’histoire du christianisme. C’est finalement ainsi que nous l’avons lu, étonné de découvrir certains textes, heureux d’en trouver d’autres, agacé par certains ou par la fréquence de certains noms. Mais, il s‘agit d’une véritable somme qui mérite d’être découverte (Perrin, environ 806 pages).