Les déclarations successives du candidat socialiste François Hollande sur la laïcité, le mariage homosexuel, l’euthanasie, les cellules souches embryonnaires, la contraception, le remboursement total de l’avortement ont créé le désarroi parmi l’épiscopat français habitué à voter à gauche, depuis que Jacques Delors est considéré comme la voix politique post-conciliaire. Nos épiscopes ont le sentiment de ne plus du tout être entendus – si tant est qu’ils l’aient été – de ce côté-ci de l’échiquier politique. L’abondance de promesses en faveur de la culture de mort du candidat socialiste laisse penser qu’il va réussir à unir contre lui les catholiques, qui se résoudront ainsi à voter pour son adversaire.
Pour tenter de résoudre ce problème insoluble, une rencontre a été organisée mercredi 7 mars entre certains de nos évêques, qui se sentent investis de la parole de leurs confrères, et François Hollande. Une rencontre discrète, « non officielle » , dans un endroit « neutre », sans aucun communiqué. En matière de transparence, on fait mieux. Mgr Hippolyte Simon, vice président de la conférence épiscopale et archevêque de Clermont, dément ce qu’il faut pourtant prendre pour réalité :
« Il ne s’agit surtout pas d’une négociation, mais de voir un candidat qui a visiblement à cœur de comprendre la conception de la laïcité chez les catholiques, et pourquoi ses propos ont suscité des inquiétudes. »
Des inquiétudes… On attend de voir Mgr Simon aller rencontrer Mme Le Pen, qui a suscité l’inquiétude du père Turck…
Le lendemain de cette rencontre, François Hollande a proposé d’étendre les mesures en faveur de la contraception. Autant dire que Mgr Simon a perdu son temps. Ce qui est assez logique : à force de refuser le concept même de principes non négociables, on en vient à tout négocier. S’il n’y a pas de principes non négociables, alors on peut tout accepter. Là où il n’y a plus de frontière, il n’y a pas de limite.
Il faut ajouter que nos évêques redoutent depuis longtemps de contester publiquement et nommément les propositions d’un candidat (sauf quand il s’agit de Le Pen) et préfèrent s’en tenir à des remarques d’ordre plus générales, de façon à ne pas apparaître partisans dans la campagne. Cela a pour conséquence de rendre leur message totalement inaudible. Finalement, ils s’accomodent de tout, au point que nos politiquent ne se soucient plus de leurs voix.