Voilà qui aurait enchanté l’enchanteur G.K. Chesterton ! Le génial défenseur des « Guildes » médiévales,
c’est-à-dire des corporations professionnelles et artisanales, aurait, à coup sûr, été ému d’apprendre qu’un college américain, autrement dit une faculté, le
Thomas More College of Liberal Arts, avait décidé de
créer des corporations de type médiéval pour offrir à ses étudiants la possibilité d’apprendre auprès de maîtres artisans, et de pratiquer la charité dans leurs relations à l’intérieur de la
communauté estudiantine du collège.
Le président du collège, William Fahey, explique les buts de cette initiative :
-
« Non seulement les étudiants vont apprendre des savoir-faire qu’ils pourront utiliser pendant toute leur vie, mais on va leur
offrir la possibilité de fabriquer du pain pour les sans-abri, de réaliser des icônes pour leurs églises, de fabriquer des chaises, des berceaux pour les pauvres et les nécessiteux de nos
communautés, et d’aller faire de la musique dans les maisons de retraite et les hôpitaux. »
Mark Schwerdt, directeur des admissions au collège, précise :
-
« Les étudiants vont désormais avoir confiance en leur capacité de réaliser leur propre ameublement ou de faire de la musique en
famille. Ils vont savoir que l’homme ordinaire peut créer des œuvres d’art et apprendre à équilibrer leur vie professionnelle, familiale et de loisirs, et tout cela en renforçant leur capacité
à être créatif », cela, poursuit-il, les préparera « à une vie d’auto-suffisance. »
Un projet qui devrait celui de toute éducation de la jeunesse. On en est très loin…
Créé en 1978 par des laïcs catholiques à Merrimack (New Hampshire) ce collège authentiquement catholique compte 87 étudiants, avec
une moyenne d’un enseignant pour dix élèves. Voici quelques statistiques (savoureuses) données par le collège dont le cursus est de quatre ans. À l’issue de ce lustre, chaque étudiant a :
-
« – traduit plus de 1 000 lignes (ou vers) d’Homère, de Cicéron ou d’autres auteurs classiques
; - – lu plus de 10 000 pages des grands livres classiques [ce que les Américains appellent les Great Books] ;
-
– accompli plus de 10 000 km pour se rendre à Rome et en revenir [un trimestre d’études à Rome est obligatoire dans le cursus]
; - – visité plus de 100 églises baroques, sites d’architecture romains, palais de la Renaissance, ou catacombes ;
- – écrit une thèse et l’aura soutenue devant tout le collège ;
-
– assisté à 40 conférences données par des universitaires invités, ou récitals de musique classique, ou encore participé à des
débats contradictoires à la manière de l’Université d’Oxford ; (…) - – défendu une proposition controversée lors d’un examen d’oral ;
- – assisté (ou avoir coupablement séché) 840 Messes sur le campus. »
Voilà le programme d’un collège qui me semble original et digne d’être imité. Mais, les sciences dans tout cela ? Il s’agit d’un
collège où l’on se consacre aux humanités. Pour ce qui est des sciences, « elles s’apprennent auprès des oiseaux et dans les forêts du New Hampshire » comme le dit – avec plus que de
l’humour – le site de l’établissement…