Deux femmes américaines auront profondément marqué le mouvement pro-vie aux États-Unis : Norma McCorvey (la Jane Roe de l’arrêt Roe vs Wade de la Cour suprême des États-Unis) et Abby Johnson. Ces deux femmes ont chacune une histoire différente et plus d’une génération les sépare (Norma est née en 1947 et Abby en 1980), mais elles ont en commun d’avoir épousé avec ardeur la cause de la défense de la vie à naître, après avoir été des militantes de l’avortement et avoir même travaillé dans des avortoirs, puis, après un cheminent spirituel admirable, être entré dans la pleine communion de l’Église catholique.
Abby Johnson, qui a elle-même subi deux avortements, travailla pendant plusieurs années comme directrice d’un avortoir de Planned Parenthood jusqu’à ce jour béni de 2009 où elle fit la connaissance d’une vigile des 40 Days for Life qui priait devant son établissement. Elle quitta en octobre de cette année-là cette honteuse industrie et devint un porte-parole enthousiaste du combat pour la vie. Élevée dans baptisme, mariée à un luthérien, ce couple, qui a aujourd’hui une fille et vit au Texas, est d’abord passé à l’épiscopalisme avant d’entrer le dimanche 4 décembre dernier dans la pleine communion de l’Église et y avoir reçu les sacrements de Confirmation et de l’Eucharistie. Un grand moment de joie pour eux, pour nous et pour l’Église universelle, mais une joie teintée d’une tristesse. En effet, dans ce processus de conversion que Dieu seul accomplit mais pour lequel Il utilise les instruments qu’Il se choisit, le rôle de deux catholiques furent marquants. Celui que joua, au tout début, Shawn Carney, le directeur de la campagne des 40 Days for Life, puis l’intrépide et enthousiaste directeur national des Priests for Life, le Père Frank Pavone. Or ce dernier a dû quitter la direction des Priests for Life à la demande de son évêque, Mgr Patrick J. Zurek, ordinaire du diocèse d’Amarillo (Texas), et faire retour dans ce diocèse où il est incardiné pour des raisons pas entièrement claires. Je ne ferai aucun commentaire sur cette décision épiscopale, l’affaire est complexe et quelque peu curieuse, mais le résultat c’est que le Père Pavone n’a pas été autorisé à accueillir Abby Johnson, son époux et sa fille, dans la pleine communion de l’Église comme l’avait souhaité Abby. Cette dernière a adressé une lettre à Mgr Zurek, quelques jours avant la cérémonie, pour lui exprimer sa tristesse. C’est un crève-cœur que, pour l’Histoire, j’ai traduit pour les lecteurs d’Americatho. Le voici :
« Monseigneur Zurek,
ce dimanche 4 décembre, je vais entrer dans l’Église catholique. Mon itinéraire fut long. Je suis passée de la direction d’une clinique d’avortement à la défense de la vie, et ma dernière étape sera ma Confirmation. Quand j’ai pris cette décision, il y a plusieurs mois, je m’en suis entretenu avec le Père Frank Pavone. Le Père Frank a eu une énorme influence dans ma vie après mon départ de Planned Parenthood. À cause de cela, j’avais souhaité que ce fût lui qui m’administrât ma première Communion. Tout avait arrangé à cette fin. Tout semblait en place. Jusqu’à ce qu’il soit rappelé à Amarillo. Aujourd’hui, mes plans ont tourné court. J’entends bien toujours être confirmée, mais ce sera sans le Père Frank. Il a été l’une des personnes qui a eu le plus d’influence dans ma vie et il ne pourra pas être là.
Je tenais à vous faire part de cela pour une raison. La décision d’avoir rappelé le Père Frank à Amarillo n’est pas que préjudiciable au mouvement pro-vie. Elle l’empêche de faire ce qu’il fait le mieux : amener les gens au Christ et à l’Église catholique. C’est ce qu’il a à faire comme prêtre, t cela lui a été arraché. Ce conflit a largement dépassé les frontières du diocèse d’Amarillo. Beaucoup en sont affectés. Et cela va affecter le plus beau jour de ma vie : celui où je vais, avec ma famille, devenir catholique.
Je ne vous écrit pas cela pour vous demander quoi que ce soit. J’avais simplement besoin de vous faire savoir que votre décision a gâté ma Confirmation. Une personne qui est très importante dans ma vie, ne sera pas là. Une personne qui m’a menée jusqu’à l’Église catholique. Une personne qui était à mes côtés dans les moments difficiles. Une personne qui incarne ce qu’un prêtre devrait être.
Bien à vous, Abby Johnson ».
Une tristesse en vérité, mais qui ne doit pas nous priver de nous réjouir (c’est le dimanche de Gaudete aujourd’hui !) de l’entrée d’Abby in sinu Ecclesiæ.