Ancien président (« Speaker ») de la Chambre des Représentants de 1995 à 1999, le Républicain Newt Gingrich, âgé de 68 ans, fut une personnalité de tout premier plan aux États-Unis. Élevé comme baptiste (Southern Baptist), il s’est officiellement converti au catholicisme le 29 mars 2009. Un long cheminement spirituel dans lequel l’étude et la méditation des textes de Jean-Paul II a eut un rôle déterminant, même si le converti admet que le phénomène déclenchant fut le voyage apostolique de Benoît XVI aux États-Unis en 2008, « frappé par la joie et la paix qu’exsudait la présence radieuse du Saint-Père ». Évidemment, les erreurs et inconduites de Newt Gingrich avant sa conversion ne devraient pas être instrumentalisées pour soupçonner la sincérité de sa conversion. En entrant dans la pleine communion de l’Église, il a, par principe, adhéré à l’intégralité de la doctrine catholique : ce que demande l’Église à tous les fidèles.
Le 11 mai de cette année, Gingrich a annoncé sa candidature officielle à l’investiture du Parti Républicain pour la présidentielle de novembre 2012. Sa pré campagne fut un peu chaotique : démissions en masse de nombreux membres de son état-major de campagne, sondages peu encourageants… Puis, curieusement, depuis quelques semaines, l’état de l’opinion républicaine a changé à son égard. Gingrich a certes profité de l’effondrement d’Herman Cain, candidat très sérieux pendant des mois mais rattrapé par des scandales sexuels qui pourraient bien le pousser à sortir de la “course” à l’investiture ce week-end, mais les derniers sondages le placent désormais devant le candidat jusqu’alors le plus populaire chez les Républicains, le mormon Mitt Romney. Un sondage Rasmussen rendu public le 1er décembre, lui donnait 38 % des intentions de vote chez les Républicains, contre 17 % pour Romney – les six autres candidats principaux ne dépassant pas la barre des 10 %. Plus intéressant encore, un autre sondage Rasmussen du 2 décembre, semble indiquer un avantage de Gingrich sur Obama dans les intentions de vote au plan national : 45 % contre 43 ! Bien sûr, tout peut changer dans les onze mois qui nous séparent de l’élection présidentielle, à cet égard, le « caucus » du 3 janvier prochain dans l’Ohio sera déterminant : si Gingrich l’emportait sur ses concurrents, alors son investiture serait quasiment assurée, sinon…
Quoi qu’il en soit, le catholique Gingrich est devenu un candidat très sérieux, contrairement à ce que j’imaginais ce printemps… Raison de plus pour scruter attentivement ses positions sur les « points non négociables » qui discriminent, chez les candidats catholiques aux différents suffrages, ceux qui sont intégralement fidèles à l’enseignement de l’Église, de ceux qui ne le sont pas.
Or, un récent entretien accordé par Gingrich à ABC News a inquiété le monde pro-vie américain et celui des catholiques orthodoxes, quand, interrogé par le journaliste sur la grave question « Quand la vie commence-t-elle ? », Gingrich ne répondit pas « dès la conception », ce qui est la saine doctrine catholique, mais « dès l’implantation »… Ce qui laisserait entendre qu’il n’y aurait pas avortement avant l’implantation et donc que la pilule dite « du lendemain », qui vise précisément à empêcher l’implantation, ne serait pas abortive. Ce n’est pas une position catholique acceptable et ce n’est pas intellectuellement recevable. N’est-ce qu’un “dérapage” de la part du candidat catholique Gingrich, ou une position mûrement réfléchie ? On s’interroge aux États-Unis. Et on s’inquiète.