Le cardinal Vingt-Trois est revenu longuement sur les spectacles qui ont émaillé l’actualité, dans son discours de clôture, preuve que cette affaire divise les évêques. En effet, le cardinal n’a cessé de ménager la chèvre et le chou :
Nous comprenons le trouble de beaucoup devant des œuvres difficiles à interpréter. Nous devons aborder ces événements, qui reviennent périodiquement, sans nous laisser enfermer dans une forme de débat où l’Église se défendrait elle-même comme un groupe minoritaire dans une société pluriculturelle ou même hostile. […] Plus largement que les deux spectacles en question, nous sommes donc invités à une réflexion sérieuse sur notre rapport avec des créations culturelles dont les intentions ou les réalisations offusquent notre amour du Christ. […]
Certaines œuvres sont provocantes et leurs provocations blessent bon nombre de spectateurs, chrétiens ou non. L’artiste doit expliquer son intention. Ne doit-il pas aussi prêter attention à la foi des humbles, l’écouter et se laisser toucher en voyant qu’elle se traduit le plus souvent par un amour réel des plus souffrants parmi nous ? […] Reconnaître ces questions et entrer dans le dialogue est la première tâche des chrétiens. Que ceux-ci ne se trompent pas de combat. C’est d’abord un combat sur eux-mêmes. Être toujours plus fidèles à leur foi dans la société contemporaine en proie à la crise de sens que nous connaissons tous, tel est le véritable combat que les chrétiens ont à vivre. Ils ne le mèneront jamais mieux qu’en s’efforçant d’imiter au plus près leur Seigneur, en vivant de son inépuisable pardon. Voilà le témoignage auquel nous, chrétiens, nous sommes tous conviés. Car le visage du Christ, mieux que nulle part ailleurs, se laisse voir en ses disciples, aujourd’hui comme hier.
L’indifférence, l’incompréhension, la méconnaissance ou le rejet qui s’expriment à l’égard du Christ et de la foi nous touchent tous dans notre amour du Seigneur et notre amour des hommes. Cette blessure ne doit pas et ne peut pas se transformer en violence verbale, et moins encore physique. Elle doit nourrir notre prière, prière personnelle et prière communautaire. Elle doit motiver notre désir de faire connaître le vrai visage du Christ, tel qu’il s’est révélé dans sa Passion et sa crucifixion. […] Suivons donc son exemple et prions pour ceux qui ne le reconnaissent pas ou qui le maltraitent et pour ceux qui sont blessés dans leur amour pour lui. C’est ainsi que nous communions au Christ.
Et maintenant ? Que fait-on ? Que propose concrètement le cardinal face à ces spectacles ? En les ignorant ? En les méprisant ? Ce serait contraire à la charité que de faire semblant de rien. Ce serait contraire à la vérité que de ne rien dire. Avec qui faut-il dialoguer ? Que propose donc Monseigneur face au prochain spectacle, Golgota Picnic ? Rien, visiblement.
Un journal local a interrogé Mgr d’Ornellas, lequel cautionne honteusement le spectacle de Castellucci :
Comment réagissez-vous au soutien apporté par l’évêquede Vannes à la mobilisation ?
Entre évêques bretons, nous avons échangé sur la pièce. Notre communion fraternelle ne se joue pas sur le goût artistique ! Mgr Centène sent une exaspération des catholiques, à laquelle s’ajoute la persécution des chrétiens au Moyen-Orient, au Nigéria. Oui ou non, la religion engage-t-elle au dialogue ? Sans ambiguïté, nous répondons oui.
L’unité de façade de la CEF a vraiment volé en éclat. Le long discours du cardinal Vingt-Trois n’y changera plus rien.