Cet étrange propos est de Mgr Descubes, archevêque de Rouen et président du Conseil Famille et Société. Lors de l’Assemblée plénière de la CEF à Lourdes, il a présenté aux évêques le bilan de « Familles 2011 ». De novembre 2010 à octobre 2011, 4 colloques ont ont eu lieu : « La mission (impossible) du couple ? » à Bordeaux, « Familles, un art de vivre les solidarités » à Lille, sur le rôle éducatif de la famille à Strasbourg et « Quels choix pour demain ? » à Paris. Le Service national Famille et Société a publié « Familles : miroir de la société », synthèse de la cinquantaine d’heures d’auditions d’experts, que personne ne lira. Les délégués diocésains à la pastorale des familles recevront prochainement les « perspectives et propositions » recensées au terme de cette année de mobilisation pour la famille.
Mais cela ne nous éclaire pas sur l’étrange citation trouvée sur le site de la CEF.
Mgr Descubes a dégagé quatre points d’attention, autour du temps (en renvoyant à l’intervention d’Enzo Bianchi à Paris), de la sexualité (pour donner des repères qui donnent sens – sic !), de la famille comme « grand mystère » selon les mots de Jean-Paul II (la famille chrétienne comme communion de personnes) et de la pensé sociale de l’Eglise sur la famille (Sollicitudo Rei Socialis, 1987).
Effectivement intolérable car cela signifie que la définition de la famille n’existe pas et que la famille n’est qu’une façon de vivre ensemble, sans définition.
Quant à « trouver des alliés pour être entendu », ce n’est pas un but. On peut trouver des allies si l’on est d’accord, sinon on fera des compromis avec la vérité de l’homme.
D’ailleurs la « Déclaration universelle des droits de l’homme » donne un définition de la famille.
« Article 16
1. A partir de l’âge nubile, l’homme et la femme, sans aucune restriction quant à la race, la nationalité ou la religion, ont le droit de se marier et de fonder une famille. Ils ont des droits égaux au regard du mariage, durant le mariage et lors de sa dissolution.
2. Le mariage ne peut être conclu qu’avec le libre et plein consentement des futurs époux.
3. La famille est l’élément naturel et fondamental de la société et a droit à la protection de la société et de l’Etat. »
La famille est fondée par un homme et une femme. La déclaration de Mgr Descubes s’oppose donc aux droits fondamentaux et universels de l’homme par négation de la définition de la famille, donc du droit de fonder une famille.
http://www.un.org/fr/documents/udhr/
Nota : Je ne fais pas un absolu de la Déclaration de 1948, dont Jean XXIII dans Pacem in terris a dit qu’elle faisait l’objet de « réserves justifiées »
« 144 – Nous n’ignorons pas que certains points de cette Déclaration ont soulevé des objections et fait l’objet de réserves justifiées. Cependant, Nous considérons cette Déclaration comme un pas vers l’établissement d’une organisation juridico-politique de la communauté mondiale. Cette Déclaration reconnaît solennellement à tous les hommes, sans exception, leur dignité de personne ; elle affirme pour chaque individu ses droits de rechercher librement la vérité, de suivre les normes de la moralité, de pratiquer les devoirs de justice, d’exiger des conditions de vie conformes à la dignité humaine, ainsi que d’autres droits liés à ceux-ci. »
Ici bien sûr, l’éventuelle « dissolution » du mariage doit faire l’objet de « réserves justifiées ». Mais cette déclaration en son article 16 a le mérite, en l’occurrence, de définir le mariage en au moins une partie de ses éléments constitutifs.
Il faut faire progresser cette déclaration, mais je constate que Mgr Descubes est en faveur d’une régression, d’une énorme régression.
L’ambigüité des déclarations de certains prélats est particulièrement pernicieuse. Pour être bien obéi il faut donner des ordres clairs à ses enfants. Les évêques sont les bergers de leurs troupeaux comme les prêtres sont nos pères spirituels. Un père a la responsabilité d’élever ses enfants vers le bien et de l’aider à poursuivre vers le droit chemin malgré les adversités. En parlant comme cela cela ne nous aide pas du tout, voire cela peut conforter certains dans l’erreur.