Est-il possible d’être plus alambiqué et prudent que Mgr Pierre d’Ornellas pour parler de la fécondation in vitro et le traitement des embryons ? Oui, et l’Eglise de France a trouvé ! Pour marquer le jour où vient devant le Conseil des ministres le projet de révision des lois de bioéthique, la site bioethique.catholique.fr (celui des évêques) a mis en ligne la réflexion d’une… psychanalyste : « A propos de la recherche sur l’embryon humain. »
Monette Vacquin – c’est son nom – s’y interroge longuement, dénonçant la « novlangue bioéthique », « articulée autour de son atout irréfutable, qui sidère et clôt le bec à toute argumentation, le projet parental ».
Avouons que cela commence plutôt bien…
Après, cela se corse.
Comme si souvent dans l’histoire, c’est par les mots que s’est opérée cette nouvelle prise de pouvoir, non des moindres, effaçant le fait que l’offre bio-médicale a précédé la demande parentale.
Mais une oreille exercée distinguera entre le fragile « désir d’enfant », qui peut ne pas être exaucé, comme tout désir, et qui est tourné vers ce dernier, et le « projet parental », dont la puissance a permis à la fécondation in vitro de franchir tout ce qui aurait pu faire seuil, jusqu’au délire, ( le clonage), en réussissant le tour de force d’effacer le mot « désir » et celui « d’enfant », avec le génie de l’inconscient pour révéler ce qu’il est chargé de masquer.
Dans plusieurs livres, Monette Vacquin a dénoncé en profondeur les procréations artificielles. Mais son langage embrouille le regard sur l’embryon :
Enjeu religieux, idéologique, scientifique, aujourd’hui industriel, l’embryon semble rebelle à toute qualification. Des débats récurrents ont lieu sur la définition, en lui, de la personne, qui la reconnaissant dès la fusion des gamètes mâles et femelles, qui à l’apparition du système nerveux ou à la différenciation des organes. Comme si la définition de la personne pouvait être autre chose qu’un jugement de valeur qui renseigne plus sur celui qui l’énonce que sur ce qu’il définit.
Chez moi cela s’appelle du subjectivisme. Même si Mme Vacquin dénonce à propos les « manipulations de langage » qui permettent de manipuler l’embryon, et, dans l’actuelle mouture de la loi bioéthique, l’autorisation « exceptionnelle » de la recherche sur l’embryon.
D’ailleurs, je ne doute pas que l’auteur soit fortement hostile à nombre d’aberrations de la science génétique. Mais est-il vraiment nécessaire de parler de la « différence » de l’embryon, « figure d’altérité originaire », pour expliquer qu’on n’en fait pas n’importe quoi ? Ne gagne-t-on pas parfois à être plus clair que ceci, même si on comprend où elle veut en venir :
Ce pourrait être la grandeur de la loi à venir, sa sagesse : faire la part à la dimension anthropo-protectrice dont le droit est chargé, dans tous ses énoncés. Il ne s’agit pas seulement de protéger l’embryon, mais de protéger, pour nous tous, la dignité de nos représentations, en tous les états de l’humain,en nous signifiant, si nous ignorons ce que nous sommes, ce que nous ne sommes pas : des objets fabricables, réplicables, commercialisables, jetables. Car le coût anthropologique de l’absence de limites, nous le payons déjà, dans une société confuse et chaotique qui ne sait plus où elle va. Est-ce vraiment le moment de l’accroître ?
Si la dépénalisation de l’avortement fût (sic) un mal nécessaire, la recherche sur l’embryon pourrait bien être un bien hypothétique. Car si cellules souches adultes présentent les mêmes avantages thérapeutiques, alors l’insistance pour la maîtrise de l’embryon pourrait bien abriter un autre débat, un empressement impossible à élucider en quelques lignes : La jubilation de la science à piquer l’embryon à l’Église.
N’est-il pas grand temps pour les évêques, plutôt que de se réfugier derrière le jargon d’une psychanalyste – même si elle ne justifie nullement l’injustifiable – d’enseigner ? On attend que la « réflexion » ecclésiale (de France) débouche sur des affirmations compréhensibles par chacun, même les médecins qui traitent les patients, même les couples stériles en demande de fécondation in vitro, et même les élus du Parlement qui pour la plupart n’y entendent rien du tout ! L’Eglise a un message de vie et de bonheur, et un message lumineusement clair qu’elle est chargée de répandre et de communiquer : « Tout ce que vous ferez à l’un de ces petits, c’est à Moi que vous l’aurez fait. »
Un embryon est un être humain et l'on n'a pas à faire de la recherche et sacrifier un être humain, en plus sans défense et non consentant pour soigner d'autres personnes qui elles ont arbitrairement le droit de vivre voire de se faire plaisir, parce qu'elles sont les plus fortes (et qu'en plus l'industrie médicale gagne un fric fou et a tout intérêt à donner un caractère légitime et normalisé à ces pratiques).
Ce n'est pas la psychanalyse de l'embryon, pour soulager son mal être, je suppose qu'elle est en train de faire cette dame. Ou bien j'ai mal compris. D'ailleurs personne ne comprend son “baratin” à cette psychanalyste. En tout cas pas moi. Si ce n'est que ses doubles négations et cie sont là pour permettre de noyer le poisson et d'éviter d'appeler un chat un chat, en prenant une tournure compassionnelle.
Quand je vois que des évêques au Costa Rica par exemple condamnent la procréation in vitro, alors qu'en France un site officiel catholique au lieu de répéter haut et fort et inlassablement qu'il ne faut pas prendre l'embryon comme une chose et le traiter en utilitaire, et qu'il n'y a pas de moindre mal mais le mal tout court, laisse la parole à une psychanalyse, cela me révolte. J'ai vraiment l'impression d'être dans un monde de fous. Ou alors on nous prend pour des imbéciles.
Une mère de famille qui n'a pas fait d'études de psychanalyse et qui n'a, dommage peut-être diront certains, fréquenté leurs divans.
J'ai tenté deux fois de laisser un message non favorable à cette intervention de psychanalyste sur le site bioethique.catholique.fr. et pour m'étonner qu'il ne soit pas dit au contraire haut et fort que la vie est sacrée et que l'embryon est un être humain et qu'il n'y a pas de mal nécessaire mais le mal tout court. Mes messages n'ont pas été jugés devant être mis en ligne par le régulateur. J'en conclus qu'on peut plus facilement faire paraître un texte présentant « la dépénalisation de l'avortement » comme un « mal nécessaire », que rappeler la doctrine de l'église catholique sur un site de la CEF.
Curieux…