L’Assemblée de la République portugaise a adopté cet après-midi, par 125 voix contre 92, le projet de loi de légalisation du mariage civil entre personnes de même sexe porté par le gouvernement socialiste et défendu à la chambre par le Premier ministre en personne, José Socrates. Le parti socialiste, le parti communiste et le Bloc de gauche ont voté pour. Parmi les élus du PSD (droite libérale), 7 se sont simplement abstenus.
Il s’agissait, selon Socrates, de « réparer une injustice » et de reconnaître aux citoyens des « droits qui leur avaient été refusés » : cette loi « ouvre de nouvelles possibilités d’accomplissement personnel ». « Au fond, cette loi met simplement fin à des souffrances inutiles », a-t-il ajouté.
La loi interdit explicitement l’adoption. A ce propos Socrates a déclaré que le gouvernement avait seulement reçu mandat de légiférer sur le mariage : « L’adoption est une question totalement différente de celle du mariage. Dans l’adoption, il ne s’agit pas de réaliser le droit de personnes libres et adultes. » Une façon de séparer radicalement le mariage de la famille et de la procréation : c’est en cela, déjà, que la reconnaissance des unions homosexuelles constitue une révolution dans l’ensemble de l’édifice juridique.
Elle devra maintenant passer en commission avant d’être revotée, puis promulguée par le président du Portugal, Cavaco Silva, qui dispose d’un droit de veto.
Le cardinal-patriarche de Lisbonne, Don José Policarpo, avait refusé d’engager le poids de l’Eglise dans le débat, ses déclarations apparaissant plusieurs fois bien ambiguës puisqu’il avait affirmé le droit pour les couples homosexuels de voir leurs unions bénéfiier d’un cadre juridique : une forme d’union civile.
Cependant, dans un entretien cité par l’agence catholique des évêques portugais Ecclesia, le patriarche avait précisé, là encore sans déclarations nettes :
« Ce qui est en cause, aujourd’hui, ce n’est pas l’homosexualité. (…) Aujourd’hui c’est la nature du mariage qui est en cause. Et il ne s’agit pas d’une question religieuse, mais culturelle. Les cultures millénaires considèrent le mariage comme un contrat entre un homme et une femme, qui suscite une institution, la famille. Modifier cette compréhension séculaire de ce qu’est la famille dans l’humanité peut avoir des conséquences extrêmement graves dans l’avenir.
Pour contrer le projet le PSD avait soutenu un référendum d’iniciative populaire qui avait recueilli plus de 90.000 signatures et dont le principe a été rejeté vendredi matin. Mais le contre-projet de loi du PSD prévoyait tout de même un contrat d’union civile très voisin, sur le plan pratique, du projet socialiste. Celui-ci a été rejeté par les députés après avoir été dénoncé par José Socrates comme incapable de mettre fin à la « discrimination ». « C’est une discrimination d’autant plus agressive que, quasi inutile quant à ses effets pratiques, elle est violente quant à l’exclusion symbolique, puisqu’elle porte atteinte aux personnes dans leur dignité, leur identité et leur liberté », a-t-il déclaré.