Lu sur Le blog de Jeanne Smits
Par 40 voix sur 53, la chambre des députés l’Uruguay – 3,4 millions d’habitants – a adopté jeudi un projet de loi autorisant l’adoption par les couples homosexuels. L’entrée en vigueur définitive de la loi est prévisible puisque le sénat uruguayen, qui avait déjà approuvé le projet sous une forme légèrement différente, ne devrait pas se dédire. Il devrait voter le projet d’ici au 15 septembre. L’Uruguay devient ainsi le premier pays d’Amérique latine à entériner une révolution aussi fondamentale de sa société, rejoignant les « pionniers » européens : les Pays-Bas en 2001, puis la Suède, l’Angleterre, le pays de Galles, l’Espagne, l’Islande, la Belgique, la Norvège et le Danemark. Aux Etats-Unis, 14 Etats autorisent désormais la procédure approuvée pour la première fois par voie judiciaire en Californie en 1986, la plupart des provinces Canadiennes ont pris le même chemin, ainsi que deux Etats australiens er l’Afrique du Sud.
Le mouvement semble planétaire. Sa progression est spectaculaire : ce qui fut impensable pendant des millénaire a gagné en moins d’une décennie quelques-uns des pays les plus riches, sinon les plus admirables. Ironie du sort : Adolfo Garcé, professeur en sciences sociales à l’Université de la République de Montevideo, observe que la forte immigration d’Européens au XXe siècle, notamment des Espagnols ayant fui la guerre civile, a doté le pays d’une « culture politique progressiste et laïque ». Comme quoi l’homme blanc apporte aussi du bon sur les terres colonisées, du point de vue de la gauche !
L’évolution législative a été facilitée par l’approbation ouverte du premier président de gauche de ce pays à majorité socialiste : Tabaré Vazquez, catholique, rompt là avec les exigences de sa foi alors qu’il s’est très courageusement opposé à la légalisation de l’avortement, malgré le vote pour du Parlement. Médecin, il avait invoqué des « principes éthiques ».
La loi sur l’adoption s’ajoute à d’autres réclamées avec succès par la « communauté » gay, comme le droit de changer de sexe dès l’âge de 12 ans voté par le sénat en décembre, ou la signature par le Président d’un décret autorisant les homosexuels à intégrer les Forces armées.
Par le fait de la nouvelle loi, c’est, curieusement, tout le droit de l’adoption qui sera bouleversé en Uruguay : seules seront possibles désormais les adoptions plénières et seuls pourront y accéder les couples mariés ou en état de concubinage légalement reconnu. L’agence officielle d’adoption uruguayenne se voit en outre reconnaître un droit d’exclusivité quant au choix du couple adoptant – et lui donne le droit d’imposer un couple homosexuel.
L’Eglise catholique avait vivement combattu le projet, publiant les avis de son comité de bioéthique et multipliant les mises en garde. Ainsi Mgr Nicolas Cotugno, archevêque de Montevideo, avait déclaré que son opposition ne reposait pas sur des exigences religieuses ou philosophiques mais sur les réalités de la nature humaine et sur les « droits de l’enfant » : « Les enfants ont besoin d’un père et d’une mère comme référents naturels, c’est un droit qu’on ne peut leur ôter. »
Source : Présent daté du 29 août 2009