Un prêtre lecteur d’OV m’a demandé pourquoi nous ne parlions pas de Mgr Józef Kowalczyk parmi les possibles futurs cardinaux et il s’étonnait (ou s’inquiétait) de notre silence. Je dois dire que ce silence ne dit absolument rien des chances de Mgr Kowalczyk de recevoir le chapeau. Il tient simplement au fait que nous n’avons pas fait une liste, pays par pays, de tous les candidats sérieux.
De toute évidence, Mgr Kowalczyk fait partie de ces derniers: ancien nonce apostolique en Pologne, sous Jean-Paul II (ce qui n’était pas un petit poste!), malgré l’usage qui veut que l’on ne soit pas nonce dans son pays natal, il est devenu en mai dernier archevêque de Gniezno et primat de Pologne.
Autant dire qu’effectivement Mgr Kowalczyk a toutes les chances d’être élevé à la pourpre lors d’un prochain consistoire. La seule chose qui pourrait plaider contre lui tient au dossier complexe des relations entre l’Eglise catholique et les autorités communistes avant la chute du mur. On se souvient en particulier de l’affaire Wielgus, évêque nommé à Varsovie sur recommandation de Mgr Kowalczyk qui avait dû démissionner avant même d’entrer en fonction car accusé de collusion avec la police politique du régime communiste. Il est assez difficile de se faire une idée précise de la réalité de ces accusations, et donc de la responsabilité de Mgr Kowalczyk, mais cela me paraît le principal obstacle au cardinalat de ce dernier – obstacle dont j’avoue ignorer, à l’heure qu’il est, s’il sera dirimant.
NB: à propos de la réalité de ces accusations portées contre Mgr Wielgus, il me semble que l’on peut dire que le prélat a effectivement eu des rapports avec le régime communiste et ses “services”, mais je ne suis pas sûr que ces rapports aient été jusqu’à la connivence (soit sous la pression, soit du fait du chantage, soit par affinitité idéologique). Le dossier n’est certes pas vide, mais il est délicat de l’interpréter. Ce qui est sûr, c’est que la question des rapports avec le parti communiste dans la Pologne occupée est une question extrêmement sensible pour la politique contemporaine et qu’elle sert “d’arme de destruction massive” entre les diverses factions politiques issues de la chute du mur, y compris au sein de l’Eglise…
L’archevêque Kowalczyk ne sera certainement pas créé cardinal lors du prochain consistoire…
Outre “l’affaire Wielgus” dont il est le principal responsable par manque de sérieux dans l’enquête sur le passé de cet évêque, il a toujours refusé depuis les nonciatures où la Secrétairerie d’État souhaitait le transférer (Vienne…).
Le Saint-Siège cherchait à se débarrasser de ce nonce trop encombrant en poste depuis plus de 20 ans…
Mgr le nonce souhaitait rester en poste tranquillement chez lui à Varsovie jusqu’à 75 ans !
Il aura fallu que le card. Bertone tape du poing sur la table pour qu’il quitte la nonciature…
On ne crée pas “Prince de l’Église” un prélat qui refuse d’obéir au Pape !