En la fête de saint Pie V, Mgr Pozzo, secrétaire de la Commission pontificale Ecclesia Dei, a chanté la sainte messe selon le rit traditionnel en la basilique Sainte-Marie Majeure à Rome. De nombreux séminaristes étaient présents ainsi que des Franciscains de l’Immaculée (des photos ICI).
Codifiée par le pape saint Pie V, la messe traditionnelle a longtemps été présentée sous le nom de « messe de saint Pie V ». Cette appellation avait le mérite d’en montrer l’ancienneté, mais l’inconvénient de réduire cette messe à celle d’un pape, sorte d’équivalent tridentin de la démarche adoptée par le pape Paul VI qui fit « faire » une nouvelle messe.
Mais au-delà de la question de l’appellation, peut-être serait-il souhaitable que cette messe fut au moins célébrée le jour de la fête de saint Pie V dans les séminaires, les cathédrales, par les évêques et par le Saint-Père lui-même. Jean Madiran l’a souvent fait remarqué : tant que le Souverain Pontife ne donnera pas l’exemple, il sera difficile de dépasser les crispations psychologiques et idéologiques qui entravent l’application sereine et réelle du motu proprio Summorum Pontificum.
On rétorquera qu’une messe papale dans le rit romain traditionnel est une chose que l’on ne sait plus célébrer. Certes ! Raison de plus pour s’y remettre très vite. D’autre part, le pape pourrait certainement célébrer une simple messe mais avec suffisamment de publicité.
La question à laquelle nous sommes en fait confrontés touche moins la liturgie que l’opposition romaine au pape. Celle-ci reste très active et garde un pouvoir suffisant pour empêcher de rendre effectif l’application du motu proprio Summorum Pontificum. La logique d’une vraie politique aurait été la nomination d’évêques Summorum Pontificum, non pas forcément issus de communautés traditionnelles mais des évêques qui auraient été décidés à l’appliquer.
Qu’avons-nous à la place ? Le nonce apostolique en France, Mgr Ventura, nommé sous Benoît XVI, est quand même parvenu à nous faire retrouver le début des années 1980 en nommant Mgr Fonlupt, homme de l’évêque de Clermont-Ferrand, à Rodez. Mes confrères Osservatore vaticano et Perepiscopus ont décrypté cette nomination scandaleuse. Perepiscopus parle même d’une « véritable onde de choc ». Voici ce qu’écrit ce confrère très renseigné :
Il est proprement effarant qu’en 6 ans de pontificat de Benoît XVI on ait pu élever à l’épiscopat ou promouvoir à des sièges importants une brochette aussi impressionnante de purs produits des appareils diocésains « esprit du Concile » : Mgr Nourrichard à Évreux, Mgr Mousset à Pamiers, Mgr Moutel à Saint-Brieuc, Mgr Mathieu à Saint-Dié, Mgr Grua à Saint-Flour, Mgr Grallet à Strasbourg, Mgr Ulrich à Lille, Mgr Kalist à Limoges, Mgr Pontier à Marseille, Mgr Jacolin à Mende, etc.
Certes, cela a permis de nommer aussi une pincée d’évêques comme Mgr de Kérimel à Grenoble, Mgr Scherrer à Laval, Mgr Ginoux à Montauban, Mgr Aillet à Bayonne, Mgr Castet à Luçon, etc. Mais, outre le fait que ces derniers sont d’une prudence de Sioux s’aventurant hors de leurs réserves, il faut aussi se souvenir des nominations d’évêques auxiliaires, fruits de l’autoreproduction épiscopale, qui auront bientôt nécessairement un siège résidentiel, tels : Mgr Beau et Mgr Nahmias, auxiliaires de Paris, Mgr Souchu, auxiliaire de Rennes, Mgr Azéma, auxiliaire de Montpellier, etc.
A croire que ceux qui recrutent nos évêques se disent que mieux vaut la mort définitive du catholicisme français que de prendre le risque de nominations réformatrices !
Tant que de telles nominations sont possibles, il ne faut pas s’attendre à voir réellement appliquer le motu proprio Summorum Pontificum. Et ce n’est pas une instruction d’application – un texte supplémentaire venant d’un Vatican décidément très « photocopieur » – qui changera les choses. Mgr Ventura, qui estime que la situation est moins pire en France qu’au Canada d’où il vient, semble avoir oublié qu’il était le serviteur de Benoît XVI et pas celui du cardinal Vingt-Trois ou de l’évêque de Clermont-Ferrand.