Sandro Magister nous informe que l’Osservatore romano a pris en compte deux critiques importantes à l’encontre du Concile Vatican II, en évoquant le livre de Mgr Gherardini et celui, plus historique, de Roberto De Mattei. L’omerta est tombée. Même s’il s’agit de critiquer ces ouvrages et la thèse qu’ils défendent, l’O.R. s’est enfin réveillé, montrant par là que le débat demandé sans relâche par Mgr Gherardini allait enfin avoir lieu (peut-être).
Sandro Magister écrit :
Un des motifs de déception du théologien Gherardini est le silence par lequel les autorités de l’Église ont réagi à l’un de ses précédents livres : “Le concile Vatican II. Un débat à ouvrir”.
C’est si vrai que son dernier livre, paru cette année, exprime dès le titre sa déception : “Le concile Vatican II. Le débat manqué”.
Cette fois-ci, toutefois, les choses se sont passées autrement. Le nouveau livre de Gherardini n’a pas été passé sous silence, il a fait l’objet d’un compte-rendu sur une page entière dans “L’Osservatore Romano” du 15 avril. L’article est d’un analyste de premier ordre, Inos Biffi, milanais, enseignant émérite aux facultés de théologie de Milan et de Lugano, qui est l’un des plus grands connaisseurs mondiaux de la théologie médiévale et première plume du journal du Saint-Siège en matière de théologie.
La thèse développée par Inos Biffi tout au long de son article est que les aberrations de l’après-Concile ne sont pas des effets du Concile lui-même : « je ne crois pas que l’on puisse en attribuer la responsabilité directe ou indirecte au concile lui-même ». Malheureusement, il ne le démontre pas vraiment et il n’explique pas non plus comment des actes effectués au nom du Concile peuvent être détachés de celui-ci. Surtout, il ne répond pas aux questions de Mgr Gherardini concernant les notes magistérielles des documents du Concile. Or, c’est bien en fonction de celles-ci qu’une réelle appréciation pourrait se faire. Il y a chez Inos Biffi, que l’on présente comme un grand théologien, une pétition de principe : « les documents conciliaires ont été approuvés et promulgués par le successeur de Pierre et par le collège épiscopal réuni en concile, en communion avec lui. » Donc, il n’est pas question de les discuter. Mais, dans ce cas, on évacue le problème et on ne résout pas. On s’oppose même à une volonté du Saint-Siège qui a accepté que certains prêtres puissent discuter le concile du moment que toute volonté polémique soit écartée. De même, les négociations avec la Fraternité Saint-Pie X sur le même sujet montrent que les textes du Concile « approuvés et promulgués par le successeur de Pierre et par le collège épiscopal réuni en concile, en communion avec lui » peuvent être discutés pour faire ressortir la vérité.
Pour l’heure, Inos Biffi ne répond à un thèse que par une autre thèse. Mais ces articles récents dans l’O.R. montrent que les lignes bougent. On doit s’attendre effectivement à des réponses des deux personnalités visés par les ces articles et à des discussions toujours plus franches sur le sujet