Notre confrère Golias entre à son tour – mais lui, avec délectation – dans la grande agitation concernant l’Instruction d’application du Motu Proprio. Il le fait sous un angle plus large, celui d’un « Tournant dans la restauration ? » (avec un point d’interrogation), par un article de Romano Libero, du 10 mars 2011, où tout est calculé pour inquiéter au maximum les tenants de ladite restauration.
Romano Libero se demande :
« Faut-il croire à un tournant dans l’actuel pontificat ? Un tournant qui en corrigerait l’orientation traditionaliste jusqu’alors dominante ou du moins émergente au profit d’un nouveau recentrage que l’on ne saurait certes qualifier de progressiste mais qui nous éloignerait en tout cas d’une restauration old style digne de ce titre. Beaucoup au sein de la galaxie traditionaliste en sont aujourd’hui convaincus. Ils sont déçus par un Benoît XVI hésitant à embrasser véritablement la cause de la tradition et multipliant les initiatives en sens inverse, soit par concession, soit – ce qui serait pire du point de vue tradi – par indécision de fond (ou fluctuation de conviction). En tout cas la béatification de Jean-Paul II, l’hypothèse d’un décret d’application limitant le retour à l’ancienne liturgie, et surtout Assise III ont fait déborder le vase. La confiance est désormais ébranlée. »
Il ajoute :
« S’ajoute à ces trois points essentiels le soupçon quant aux véritables intentions du cardinal Antonio Cañizares, préfet de la congrégation pour le culte divin, auquel on impute le sombre dessein de contenir le plus possible la parenthèse miséricordieuse (pour reprendre une expression de l’évêque français Pierre Raffin) ».
Il se fait même plus précis :
« Semble certaines rumeurs récentes, le Pape aurait finalement consenti à une sorte de repli stratégique sur la position de fond de la deuxième, même si c’est sous la forme la plus traditionnelle possible. L’indice le plus concluant serait son renoncement à l’idée de célébrer publiquement la messe selon la forme extraordinaire. Et le cardinal Canizarès, jusqu’alors discret sur ses propres convictions, ferait tout à présent pour une clarification du Vatican au sujet de l’ancienne liturgie dans le sens de la restriction : au fond, il s’agirait d’un retour à la situation d’avant 2007. La forme extraordinaire serait tout juste tolérée mais l’idéal serait l’application stricte de la liturgie officiellement en vigueur, telle que codifiée dans les livres, et expurgée de certaines adaptations, et plus encore des improvisations jugées inacceptables. Au fond il s’agit d’une position ‘conservatrice’ mais refusant le retour à St Pie V et même l’idée d’une nouvelle réforme de la réforme, dans un sens plus traditionnel cette fois ».
L’allié du cardinal Cañizares, confirme Golias, serait l’homme de confiance du cardinal Levada à la Congrégation pour la Doctrine de la foi, « Promoteur de Justice », Maltais (comme un des deux secrétaires particuliers de Benoît XVI) :
« Son allié dans ce combat serait un prélat maltais de la Secrétairerie d’Etat, Mgr Charles Scicluna. Le même Scicluna qui jouit de toute la confiance de Benoît XVI pour son refus de tout compromis dans le dossier très explosif des moeurs du fondateur des Légionnaires du Christ, le Père Maciel. Scicluna deviendrait le nouveau secrétaire de la congrégation pour le culte divin en remplacement de l’archevêque américain Joseph Augustine Di Noia, un dominicain, qui deviendrait le nouveau Pénitencier Apostolique en attendant d’être créé cardinal lors du prochain consistoire. Mgr Scicluna, jeune (52 ans) et intrépide se ferait l’artisan d’une sorte de serrage de vis sans précédent…mais également au détriment des tenants de l’ancienne liturgie ».
Romano Libero, a remarqué comme beaucoup :
« Un indice vient d’être donné de la forte plausibilité d’un tel revirement – qui n’exclut pas un virage en sens inverse par la suite du même Benoît XVI – par le refus du cardinal de Madrid, le cardinal Antonio Maria Rouco Varela, d’accorderune messe en forme extraordinaire était prévue pour le 10 mars prochain, en l’église San Manuel y San Benito de Madrid. Cette messe n’aura finalement pas lieu alors que les organisateurs en avaient reçu l’assurance de la part du curé de la paroisse, le Père José Ignacio Alonso Martínez ».
Cette analyse en vaut une autre. Il faut la prendre « avec modération ».
UN TERME CHOQUANT…
J’aimerais, quand meme , faire remarquer que le terme de “néo-bugninien” est choquant ! Mgr Bugnini , prelat tres douteux et contestable , a été “remercié” en son temps, comme il convenait , par S.S Paul VI lui meme !
Traiter les partisans d’un encadrement du Motu Proprio comme LLEERR NNSS Rouco Varela , Cazinares ou Levada est proprement innaceptable….
Quant à Mgr Scicluna , c’est un homme remarquable porteur de grandes esperances , comme nous aimerions en avoir beaucoup à la tete des dioceses francais
Gerard LETTERI
Il faut lire dans mon commentaire: “En” traiter ( du terme de néo-bugninien )les partisans d’un encadrement etc… etc….
Gerard LETTERI
Merci d’avoir souligné qu’il fallait accorder notre crédit à Golias “avec modération” !
C’est effectivement sage…
Il existe une génération néobugninienne mais Mgr Scicluna en est-il? C’est un prélat relativement classique mais violemment “antitridentin”. Un peu comme les cardinaux Lustiger et Vingt-Trois, ou Rouco (Madrid) ou Errazúriz (Santiago du Chili), par exemple. Les traditionalistes n’ont-ils pas tendance à étiqueter “bugninien” toute personne opposée à l’usus antiquior?
Par ailleurs, ces mentions répétées du nom de Mgr Scicluna peuvent laisser sceptique. En quoi le promoteur de justice de la CDF est-il concerné par Summorum Pontificum? Vous dites qu’il est un “homme de confiance” du cardinal Levada. C’est sans doute de ce côté-là qu’il faut aller chercher. Le cardinal Levada s’est souvenu qu’il était président en titre de la commission Ecclesia Dei et a décidé de contrecarrer l’instruction préparée par son secrétaire, Mgr Pozzo. Simplement, il a demandé à Mgr Scicluna de faire le travail. C’est un hypothèse nettement plus probable que celle de Mgr Scicluna promoteur de justice se mêlant de ce dossier qui ne le concerne pas. Et, le cas échéant, ce serait une manoeuvre habile de la part du cardinal Levada: il reste en arîère-plan et fait passer la pilule par l’intermédiaire d’un homme apprécié pour son (réel) courage dans la lutte contre les crimes sexuels.
Moralité de l’histoire: était-il bien inspiré de mettre à la tête d’Ecclesia Dei un cardinal opposé mordicus à l’usus antiquior et qui, lors de son épiscopat à San Francisco, a refusé toutes – toutes – les demandes de messes “indult de 1988”?…
Je rappelle pour mémoire que “Annibale Bugnini, né le 14 juin 1912 à Civitella del Lago (commune de Baschi en Ombrie, Italie) et décédé le 3 juillet 1982 à Rome, était un évêque catholique, membre de la Congrégation des missions. Proche ami de Paul VI, il fut le principal organisateur de la réforme liturgique de 1970 et de la publication du missel romain rénové.” (Wikipédia).
Mgr Bugnini fut consacré évêque des mains de Paul VI lui-même. J’ai du respect pour sa mémoire. Il a accompli – efficacement – le travail qu’on lui demandait de faire.
M. Ferrand, là vous m’en bouchez un coin. Mgr Bugnini se serait bien acquitté de sa tâche? Dans ce cas, il faudra admettre qu’on lui avait donné un mandat de démolition. Si vous pensez qu’on lui avait donné mandat pour faire du bon travail, alors il a trahi son mandat. En tout cas, c’était un personnage plus que douteux. Les témoignages abondent à ce sujet. Et à lire ce que l’intéressé lui-même a écrit dans ses mémoires et dans nombre d’articles, on est peu édifié. Dieu ait son âme, mais de là à lui dédier une oraison funèbre…
J’ajoute que, de mon point de vue, l’analyse de Golias me paraît objectivement assez juste. En tous les cas elle confirme bien les craintes que l’on avait pu nourrir ou les informations que l’on avait pu glaner jusque là. On verra bien ce que le Saint Père finalement décidera. Je me soumets par avance à sa volonté, comme étant celle du Vicaire du Christ.
En tous les cas ça m’étonnerait beaucoup qu’il revienne sur les concessions ou les avantages de Summorum Pontificum. Je prie (en carême) à cette intention.