L’autre actualité concernant la messe traditionnelle et, au-delà, la vie de l’Église catholique, c’est la très importante interview de Mgr Fellay que vient de publier La Porte latine (une deuxième partie est annoncée pour lundi prochain). Dans cet entretien, le supérieur général de la Fraternité Saint-Pie X aborde trois thèmes importants : le motu proprio Summorum Pontificum ; les discussions doctrinales et Assise 2011.
Faut-il commenté cet entretien ou simplement inviter à le lire ? La réponse n’est pas facile à donner. Cet entretien entend atteindre deux publics très différents : ceux qui sont à l’extérieur de la Fraternité Saint-Pie X, et en premier lieu, Rome, et ceux qui sont à l’intérieur de la Fraternité Saint-Pie X et, peut-être, en premier lieu, ceux qui sont opposés à un accord avec Rome. D’où un certain balancement dans les réponses de Mgr Fellay qui empêche une véritable analyse de ses propos.
Balancement tout à fait normal, me semble-t-il, et qui montre qu’il est vraiment l’homme de la situation. Le balancement, je le vois par exemple, dans ses réponses entre la question 18 et la question 19. Dans la première de ces réponses, il dit – et conforte ainsi les récents propos de l’abbé de Cacqueray – qu’il ne faut pas aller à n’importe quelle messe traditionnelle car « il y a aussi une manière de la dire et tout ce qui l’accompagne : le sermon, le catéchisme, la façon de donner les sacrements… » Dans sa seconde réponse, il affirme immédiatement : « la messe traditionnelle une puissance de grâce absolument extraordinaire. On le voit dans l’action apostolique, on le voit surtout chez les prêtres qui y reviennent, elle est vraiment l’antidote à la crise. Elle est réellement très puissante, à tous les niveaux, celui de la grâce, celui de la foi… Je pense que si on laissait une véritable liberté à l’ancienne messe, l’Église pourrait sortir assez vite de cette crise, mais cela prendrait tout de même plusieurs années ! » Mais si cette liberté existait, les messes ne seraient pas alors toutes célébrées par les prêtres de la Fraternité Saint-Pie X, avec tous les risques soulevés dans sa première réponse.
Je puis évidemment me tromper en parlant de balancement et donc d’une difficulté d’analyse.
Abordant le problème d’Assise, Mgr Fellay note qu’il n’y a pas de réserve de la part des milieux officiels et des communautés Ecclesia Dei. Vis-à-vis de celles-ci, c’est le petit jeu habituel, et au fond qui ne sert pas à grand chose, de la pointe enfoncée envers les anciens plus proches. Mais concernant les milieux officiels – disons la curie et les cardinaux –, Mgr Fellay sait très bien que plusieurs membres de la curie et plusieurs cardinaux sont clairement opposés à cet Assise 3 et qu’ils l’ont fait savoir – quand il l’ont pu – au Saint-Père. L’absence de publicité autour d’une action ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’action. Cela étant dit, l’interprétation de Mgr Fellay face à cet Assise 3 s’avère très équilibrée et mérite vraiment d’être lue et méditée. C’est ICI.