Dans Présent de demain, Jean Madiran revient une nouvelle fois sur le dernier livre de l’abbé Claude Barthe qui interviendra, sur le même sujet, demain jeudi dans l’émission de Daniel Hamiche sur Radio Courtoisie, à partir de 19h00.
Le livre dont il s’agit est La Messe à l’endroit, publié aux éditions de l’Homme Nouveau (9€). On dit que plusieurs évêques ont déjà reçu cet ouvrage et que les réactions sont… diverses. Toujours est-il que cet essai tente de proposer une application concrète de la réforme de la réforme, en profitant de l’espace important ouvert par le Motu Proprio Summorum Pontificum. Comme l’abbé Barthe l’a expliqué dans Monde&Vie, il ne s’agit pas d’aller à l’encontre de la libéralisation de la messe tridentine, mais au contraire de mener de front deux axes qui ne peuvent que renforcer le retour à une saine doctrine de la messe et à une saine liturgie. Loin de penser comme certains que la messe tridentine doit se réformer, l’abbé Barthe propose au contraire des axes de réforme de la messe en forme ordinaire, sans révolution, mais en profitant des libertés qu’elle offre elle-même.
Jean Madiran rappelle que la messe à l’endroit, avant d’être un livre de l’abbé Barthe, fut un titre d’article de Paul Claudel du 23 janvier 1955, sous le pontificat de Pie XII. Derrière l’abbé Barthe, il rappelle également ce point d’histoire, assez important à garder en mémoire pour bien comprendre la méfiance des traditionalistes (enfin de ceux qui n’ont pas la mémoire courte) et la méthode à mettre en œuvre :
« Le 25 janvier 1964, Paul VI avait institué un Consilium liturgique dirigé par son secrétaire Bugnini Hannibal, surnommé en souvenir de Heredia « le chef borgne porteur de son ignoble bulle ». Le 24 octobre 1967 Hannibal, maître de Rome, présentait une « messe normative » qui estomaqua pas mal d’évêques mais qui, irrésistiblement, allait devenir deux ans plus tard la « messe de Paul VI ». Or, pendant les trois ans et neuf mois qui vont du 25 janvier 1964 au 24 octobre 1967, le clergé et les fidèles avaient été estourbis par sept, oui sept décrets romains successifs modifiant à petits coups les rites de la messe et habituant célébrants et pratiquants à une liturgie en évolution permanente. Le mouvement liturgique révolutionnaire, avant d’imposer sa loi, avait créé une attente, un désir, il avait en somme appliqué l’axiome de Maurras : « Pour le succès d’un commandement il faut que le besoin d’y obéir ait, de lui-même, fait la moitié du chemin. » Et c’est aussi vrai aujourd’hui, en sens inverse, pour le rétablissement de la messe à l’endroit. Souvent Benoît XVI applique ce que l’abbé Barthe appelle « la médication douce de l’exemple ». C’est ainsi qu’il donne l’exemple de la messe à l’endroit et de la communion reçue à genoux et sur la langue. C’est un début. On voit quelle obstination s’y oppose. Elle est générale dans un grand nombre de diocèses français. »
Jean Madiran, à qui rien n’échappe, établit aussi un parallèle avec un événement d’actualité : la messe télévisée diffusée depuis l’abbaye Saint-Pierre de Solesmes dimanche dernier, dans le cadre de l’émission Le Jour du Seigneur :
« Dimanche dernier, le « Jour du Seigneur » de France 2 nous a offert la messe de Solesmes, célébrée par le Père Abbé en personne. Ce n’est point par distraction, ce ne peut être innocemment qu’à partir de l’[absence d’] offertoire, il a célébré face aux fidèles.
On sait que Solesmes, dès 1970, avait adopté l’essentiel de la révolution liturgique dissimulé derrière sa conservation du latin et du grégorien. Cette attitude fut marquée au fer rouge par le célèbre « Solesmes et la messe » de Louis Salleron, en appendice à la seconde édition, celle de 1976, de son ouvrage La Nouvelle Messe, le livre de référence que Mgr Marcel Lefebvre déposa entre les mains des cardinaux lui demandant pourquoi il s’opposait au nouveau rite…
La messe à l’envers n’a pourtant été imposée par aucun décret de Paul VI, par aucune consigne d’Hannibal, par aucune décision conciliaire ou postconciliaire. Mais elle est (depuis 1955 !) le signe de reconnaissance, elle est le symbole, elle est le drapeau du mouvement liturgique révolutionnaire. Solesmes s’est incrusté dans son erreur, et s’y pavane. »
Elle s’y pavane, certes. Officiellement ! Publiquement ! Mais c’est oublier que Solesmes (l’abbaye, pas la congrégation où s’est encore plus vrai) est divisée. C’est une communauté qui tient grâce à son amour de l’Église et à sa volonté de respecter la Règle de Saint-Benoît. Mais c’est aussi, d’après les échos que j’ai pu recueillir, une communauté où des perceptions de la liturgie, sinon s’opposent, du moins sont différentes. Il semble que là aussi joue une certaine différence de générations. Et comme il se vérifie souvent, les plus jeunes se montrent beaucoup plus ouverts au Motu Proprio Summorum Pontificum que leurs aînés qui défendent avec acharnement la messe de Paul VI et n’ont pas de mots assez durs pour critiquer les abbayes de la congrégation (Fontgombault et ses filles) qui ont retrouvé non seulement la messe traditionnelle mais aussi l’Office monastique traditionnel (à vrai dire, jamais abandonné). Si bien que l’on peut espérer que quand Solesmes s’éveillera, le retour à la liturgie traditionnelle franchira un pas décisif.
L’article de Paul Claudel a pour titre “La Messe a l’envers”. C’est auusi le titre d’un autre livre:
http://www.amazon.fr/messe-lenvers-Lespace-liturgique-d%C3%A9bat/dp/2742782788/ref=sr_1_1?ie=UTF8&s=books&qid=1285163585&sr=8-1
J’ai toujours entendu dire que l’abbaye de Thélème décrite par Rabelais était l’abbaye de Solesmes.
L’abbé Barthe, Jean Madiran et vous-mêmes le confirmez.