Dans un très intéressant article paru ce samedi dans le quotidien Présent, l’abbé Claude Barthe revient sur la question de l’Offertoire. Il avait déjà fait remarqué, dans le même journal, que la secondé édition du Catéchisme de l’Église catholique rectifiait « au moins par une mention » le caractère propitiatoire de la messe. Cette rectification n’est pas encore passée dans les faits, ni dans l’enseignement du catéchisme, ni dans la majorité des homélies dominicales.
Dans l’article de samedi, l’abbé Barthe relie la question de l’Offertoire au phénomène « de la réforme de la réforme ». Il annonce la parution de son dernier ouvrage, qui vient de sortir aux éditions de l’Homme Nouveau, dans la collection Hora Decima, et qui porte justement sur la réforme de la réforme. Intitulé La Messe à l’endroit, un nouveau mouvement liturgique (102 pages, 9€, à commander ICI). Je reviendrais sur ce livre que je lis en ce moment. Dans son article de samedi, l’abbé Barthe avance à ce sujet la remarque suivante :
« la réforme de la réforme n’est pas à inventer ; elle existe déjà et seulement à généraliser dans les paroisses ordinaires. On pourrait ainsi faire la liste des lieux, en France, où des prêtres de paroisses célèbrent selon cette réforme de la réforme qu’ils mettent en œuvre, certains depuis longtemps. En ces églises, les points les plus importants de ce processus de « retour » sont tous appliqués, ou la plupart d’entre eux, ou bien plusieurs d’entre eux, savoir :
1) la réintroduction importante de l’usage de la langue liturgique latine, spécialement par l’utilisation du chant grégorien (kyriale, Pater, si possible chant des parties du propre de la messe) ;
2) la distribution de la communion selon le mode traditionnel ;
3) l’usage de la première prière eucharistique, si possible en latin, et sans trop élever la voix ;
4) l’orientation de la célébration vers le Seigneur au moins à partir de l’offertoire ;
5) l’usage en silence de l’offertoire traditionnel. Avec, dans la grande majorité des cas, en parallèle, la célébration de la forme extraordinaire, qui vient tout naturellement s’intégrer à une vie liturgique paroissiale de type « nouveau mouvement liturgique » et qui la soutient efficacement. »
C’est très clairement le propos de son dernier livre.
Hmm… une messe Pie-Paul, en quelque sorte ? L’intention peut sembler louable, mais ces adaptions liturgiques constituent encore un florilège de rits “à la carte” qui n’existent dans aucun missel.
Le missel de Paul VI donne le choix entre latin et vernaculaire, mais pas les deux à la fois ; entre ad orientem ou dans l’autre sens, mais pas les deux à la fois, entre haute voix ou voix basse, mais pas entre deux.
Quant à changer les rubriques très précises du rit romain traditionnel, c’est évidemment impossible.
Alors… même si cette sorte d’inflexion semble montrer un goût récent pour quelque chose de plus respectueux, de plus beau, de plus profond que les débordements en tous genres auxquels sont habitués les fidèles des messes de Paul VI, cela reste néanmoins dans le même esprit : liturgie personnalisée, fragmentée, à la carte selon les goûts de la communauté locale.
Arnorian, on peut comprendre ce que vous dites et j’y suis sensible mais il me semble que l’idée actuelle de l’abbé Barthe est en amélioration par rapport à ce qu’il a écrit dans “Quel chemin pour l’Eglise” (2004), du moins si j’ai bien compris cet ouvrage. Dans “Quel chemin pour l’Eglise”, il demandait d’adapter le rite traditionnel pour le faire “passer” par étapes dans les paroisses. Sur ce point, je partage votre avis: il ne faut pas mitiger. Dans son livre qui vient de sortir, l’abbé Barthe dit autre chose: les “mélanges” qu’il propose visent non pas à édulcorer le rite traditionnel mais à améliorer le moderne. Qui en a bien besoin. Cette proposition est donc tout à fait valable, me semble-t-il.