C’est la question que se posent les observateurs les plus attentifs. À la fin de la messe célébrée pour la fin de l’Année sacerdotale, le Pape Benoît XVI
devait proclamer saint Jean-Marie Vianney, patron de tous les prêtres. Le portrait de celui-ci était clairement affiché place Saint-Pierre. Hier, à veillée, les prêtres avaient entendu confirmer
cette nouvelle. Ce matin, à la messe : rien !
Saint Jean-Marie Vianney était déjà le modèle des curés et des prêtres de France. Il devait devenir celui des prêtres du monde entier. Cette initiative annoncée
depuis un an n’a finalement pas été concrétisée.
Hier, l’agence Imedia, dont la dépêche a été reprise par l’APIC, puis par le quotidien La Croix, annonçait que saint Jean-Marie Vianney n’avait finalement pas été
considéré comme assez universel pour servir de modèle, ni comme pouvant guider un prêtre du XXIe siècle. Le Père Lombardi, responsable de la communication du Saint-Siège, a confirmé la nouvelle à
La Croix.
Le rapport avec Summorum Pontificum ?
Le rapport est plus étroit qu’on ne le pense.
Voici ce qu’écrivait Isabelle de Gaulmyn dans La Croix du 17 juin 2009 (voir ICI) :
« Le choix de ce prêtre de campagne du XIXe siècle, dont la ferveur populaire vante l’esprit de sacrifice (« deux pommes de terre par jour pour seule pitance
») et la lutte contre le démon, a en effet de quoi surprendre. Après le concile Vatican II, qui a reconnu toute leur place aux laïcs dans l’Église, après aussi la crise des vocations que connaît
notamment l’Europe et qui contraint les prêtres à repenser leur rôle et leur vocation, que peuvent apporter l’exemple de Jean-Marie Vianney et son profil typique de prêtre du concile de Trente ?
En quoi les jeunes prêtres y puiseront-ils de quoi répondre aux défis de la société urbaine et sécularisée d’aujourd’hui ? »
Certains dans l’Église veulent encore une autre image du prêtre que celle incarnée par saint Jean-Marie Vianney à son époque. Ils ressortent l’antienne des temps
qui changent et de la nécessaire adaptation au monde d’aujourd’hui. Saint Jean-Marie Vianney entrait en consonance avec un type de prêtre qui est incarné, notamment, par les instituts
traditionnels et par les prêtres qui célèbrent la messe selon l’usus antiquior.
Ils ont réussi à faire reculer le Pape sur ce choix, sur ce modèle de prêtre pour l’Église. Saint Jean-Marie Vianney est devenu le symbole de la renaissance du
sacerdoce, renaissance que certains semblent refuser dans l’Église. On lira, à ce sujet, le petit livre de l’abbé Barthe, paru chez Hora Decima, Les oppositions romaines au Pape (2009).
Et on s’interrogera ensuite sur les raisons qui ont poussé Benoît XVI à ne pas accomplir ce geste. Et on priera aussi pour le Pape “contre les loups”…