Un très bel article d’Alain Hasso (on sait que ce pseudonyme cache un prêtre particulièrement actif, hors norme, capable de coups d’audace, d’analyses percutantes,
sensible en même temps que fidèle en amitié, exigeant et cultivant un goût très prononcé pour un anticonformisme paradoxal) a été mis en ligne sur le blog de Monde & Vie. Il concerne
l’affaire de Thiberville et il me semble qu’il va au-delà des simples conclusions habituelles. J’en livre un extrait particulièrement significatif. Le reste est à lire ICI.
« Mais une fois de plus, c’est Vatican II qu’il faut mettre en cause. Première décision du Concile où tous les évêques du monde sont rassemblés : supprimer
la charge de curé à vie. Donner des mandats, de six ans renouvelables une fois par exemple. Cette décision a pesé très lourd dans l’accélération de la déchristianisation qui s’est manifestée
au tournant des années 70. Un curé à vie, j’en ai connu, c’était l’assurance d’une chrétienté locale stable. Certes lorsque le curé n’était pas consciencieux, il fallait sans doute se le farcir.
Mais était-ce si fréquent ? Quand un prêtre est responsable d’un lieu dans lequel il sait qu’il va rester toute sa vie, il fait attention à ne pas causer de scandale et il a à cœur le
développement du troupeau, qu’il pourra lui-même vérifier dans la suite de son âge. En un mot : il est responsable. Ce qui n’est pas vrai des arpettes, nommées pour trois six ou neuf ans et qui,
du curé à l’évêque ne pensent d’ailleurs qu’à une chose, une fois nommées dans tel ou tel endroit pour trois, six ou neuf ans : en partir.
A l’ancienne, le curé ne part pas. Il doit faire fructifier son capital de fidèles… sur place. Il en est responsable. Il est marié à vie avec sa paroisse… qu’il
aime comme sa propre chair. Voilà l’abbé Michel. Son dévouement de prêtre à l’ancienne n’est pas compris des ronds de cuir de l’administration ecclésiastique du diocèse d’Evreux (le sourire du
Père Jean Vivien, remplaçant officiel, comme curé de Bernay, du curé de Thiberville, expliquant à la télévision que cette mutation « devait arriver un jour » me restera longtemps dans l’esprit
comme un bel exemple de charité entre prêtres). Mais ses fidèles ont reçu le message. 5 sur 5. Et, à l’image du Maire du patelin, Guy Paris, ils font corps avec leur curé.
Nous sommes dans le pays de la Varende, pays de jacqueries et de chouanneries, à quelques kilomètres du Chamblac où, déjà sous Mgr David, avait eu lieu une
véritable un véritable soulèvement pour protéger un curé traditionaliste anglais, l’abbé Montgommery. Seule la mort du curé, suite à un accident de voiture, avait interrompu la vie de la paroisse
du Chamblac. Du haut de ses soixante ans l’abbé Francis Michel voit l’avenir sereinement. Quand on a le pays d’Ouche avec soi, il n’y a que le ciel qui peut nous tomber sur la tête. »