Le Dimanche 15 mai 2011, Journée des vocations, Mgr Centène a prononcé une homélie dont voici un extrait :
Qu’est-ce donc que le prêtre ?
C’est d’abord un chrétien ! Et la première condition pour avoir des prêtres, c’est d’avoir des chrétiens ! Il est absolument vain de demander à Dieu de susciter des vocations sacerdotales si nos églises sont vides de jeunes capables de répondre à cet appel. La grâce perfectionne la nature mais elle la suppose, elle ne la remplace pas. Les prêtres ne sont ni des anges ni des extraterrestres et ils ne tomberont pas du ciel, Dieu les appellera parmi les jeunes que nous Lui présenterons. Les familles chrétiennes, les paroisses vivantes, les mouvements de jeunesse catholique sont aujourd’hui les berceaux naturels dans lesquels pourront naître les vocations sacerdotales de demain. L’apostolat auprès de la jeunesse, son évangélisation, sa formation humaine et spirituelle constituent le prélude indispensable à toute prière pour les vocations. Le prêtre est d’abord un chrétien ! Saint Augustin disait à ses fidèles : « Avec vous je suis chrétien, pour vous je suis évêque ».
Cela dit, quel est le rôle spécifique et indispensable du prêtre au milieu de ses frères ? Il est le gardien et le témoin de la Vérité, à la manière des Apôtres : témoin du Christ ressuscité. Il est chargé de célébrer les sacrements par lesquels le Christ sanctifie son peuple. Il est enfin l’homme de la prière et de la charité. Gardien et témoin de la Vérité : c’est son premier rôle : « Allez, enseignez toutes les nations ». La foi n’est pas un vague sentiment subjectif et affectif ; elle a un contenu : Jésus Christ, vrai Dieu et vrai homme, mort pour notre salut et ressuscité d’entre les morts, nous a révélé le projet de Dieu pour l’humanité et les moyens de le réaliser. Vivant de la foi pour lui-même, le prêtre est responsable pour vous de sa pureté et de sa rectitude. Le prêtre doit garantir le dépôt de la foi dans son intégrité, le préserver de tout relativisme qui conduit à l’indifférence. Cependant, les vérités qui nous ont été données ne sont pas abstraites ; elles nous ont été révélées pour que nous en vivions, pour qu’elles marquent, dirigent et façonnent notre existence.
Ainsi, le prêtre n’est pas seulement un gardien, il est aussi un veilleur.
Attentif au monde et à l’évolution de la pensée, il ne doit pas répéter des formules stéréotypées sans emprise sur la réalité, mais il doit en dégager la signification pour les chrétiens d’aujourd’hui. C’est le sens de la nouvelle évangélisation à laquelle le Saint Père nous appelle à l’aube de ce troisième millénaire. Le prêtre doit faire découvrir la vérité, la faire aimer, redresser les erreurs, mais cette vérité qu’il prêche, il ne la fait pas, il en est le gardien et non le propriétaire, le témoin et non l’inventeur. Ainsi, la foi – la sienne d’abord, et celle de ceux qui lui sont confiés – ne sera vraie que parce qu’elle sera avant tout la foi de l’Eglise et non pas celle qu’il invente ou qu’il impose. Il n’est que le gardien de son authenticité. Le prêtre est chargé de célébrer les sacrements. Là non plus, il n’agit pas en son nom personnel. Il est le ministre des sacrements, c’est-à-dire le serviteur : « Que ce soit Pierre ou Paul qui baptise, c’est le Christ qui baptise ». […] C’est pourquoi il n’invente pas les formules des sacrements, il est fidèle à ce que l’Eglise lui a transmis de sa liturgie, de ses rites. Et, en tout cela, il doit en quelque sorte disparaître, s’effacer pour être transparent à l’action de Dieu, à l’action du Christ qui seul peut sanctifier.
Le prêtre, enfin, est l’homme de la prière et de la charité. Les deux ne font qu’un. La charité, c’est l’accueil de l’amour de Dieu – dans la prière – et sa concrétisation dans la vie de la communauté : c’est le sens de la prière quotidienne du prêtre, formalisée par l’Eglise dans la récitation du Bréviaire. […]
Mais nous ne limiterons pas à cela notre supplication, nous prierons aussi pour les prêtres. Vous connaissez les scandales qui agitent la vie de l’Eglise. Vous avez entendu parler de faiblesses, de turpitudes, de fautes réelles commises par tel ou tel homme d’Eglise. Il ne faut pas minimiser la gravité de cette situation, mais elle ne doit susciter chez nous ni étonnement, ni mépris. Il faut la restituer à son juste niveau : celui du combat spirituel que le monde ne peut pas comprendre. La vie chrétienne est l’enjeu d’un combat incessant entre les forces du Bien et les forces du mal. Et ce combat nous dépasse. Parce qu’il est indispensable à la réalisation du plan de Dieu, Parce qu’il est indispensable au salut de votre âme, le prêtre est aux avant-postes de ce combat. Pour détruire la vie chrétienne, l’ennemi sait qu’il doit d’abord détruire le prêtre. […] Mais il y a un autre combat que l’attaque extérieure. Aujourd’hui, c’est de l’intérieur que la lutte est menée. Il faut détruire l’essence même du sacerdoce en faisant perdre au prêtre son identité, en le faisant douter de sa mission, en relativisant son rôle dans l’Eglise et dans le monde, en lui donnant si possible le dégoût de lui-même ! En le noyant dans la masse, on en fait un être socialement inutile, chez qui il sera plus facile d’introduire le doute, d’exacerber le découragement et de réveiller les frustrations auxquelles il a généreusement consenti pour la gloire de Dieu et le salut des âmes. Les affaires dont la presse se fait l’écho, presque quotidiennement, sont un douloureux scandale, elles constituent des fautes graves, mais elles sont aussi pour l’Eglise des blessures de guerre, dans un combat dont l’enjeu dépasse la nature de l’humanité. Pour ce combat, il faut utiliser des armes spirituelles, la prière, la pénitence, l’aumône. Si nous croyons au caractère irremplaçable du sacerdoce, la prière pour les prêtres n’est pas une dévotion facultative, elle est une nécessité de tout premier ordre.