Dans Monde & Vie, Olivier Figueras écrit sur Mgr Aillet :
La Charité du Christ nous presse… Tel est le titre du dernier opus de Mgr Aillet, envisagé, le sous-titre le précise, sous l’angle missionnaire, comme il se doit sans doute à une invocation paulinienne (Cor. V, 14). L’évêque de Bayonne, Lescar et Oloron passe pour un esprit traditionnel, et sa vêture, comme certaines de ses déclarations ou actes – telle sa participation à la dernière Marche pour la vie à Paris – agace assez en certains milieux pour qu’il soit possible de l’ignorer.
Pour autant, Mgr Marc Aillet n’entend pas dé border du cadre qui est le sien, et qu’il exprimait déjà dans un précédent ouvrage, Un événement liturgique ou le sens d’un Motu Proprio (celui, bien sûr, de Benoît XVI sur la messe traditionnelle), alors qu’il n’était encore que vicaire général de Toulon. Sa volonté n’est pas de promouvoir davantage la « forme extraordinaire du rite romain » – même s’il n’hésite pas à célébrer en cette manière, et à en accorder, « généreusement », la possibilité à ceux qui le souhaitent. Non! il s’agit simplement, essentiellement, de répondre à l’appel lancé par Jean-Paul II en faveur d’une nouvelle évangélisation – la première fois, le 9 juin 1979, à Nowa Huta, en Pologne, et combien de fois ensuite –, mais sans oublier ce que le bientôt bienheureux déclarait alors : « La croix se tient debout sur le monde qui change. » Une vision que Benoît XVI a nommée depuis l’herméneutique de la continuité. Tout ne serait-il alors qu’interprétation? C’est possible… Mgr Aillet maintient qu’en l’occurrence elle doit être celle de « l’urgence de la mission ». Et il dénonce certaines postures au-delà qui ont conduit à la diminution de la présence de l’Eglise dans le monde d’aujourd’hui, ou à certains replis sur soi. Sur le plan liturgique, sans dépasser le cadre évoqué, Mgr Aillet invite à « redécouvrir le caractère sacrificiel de l’Eucharistie ». Redécouvrir : le terme est important. Il marque bien un manque actuel, et conduit l’évêque de Bayonne à cette perspective développée par Benoît XVI d’un enrichissement mutuel des deux formes du rite romain. Une attitude qui correspond bien à la « priorité de la mission de l’Eglise d’annoncer l’Evangile au monde d’aujourd’hui ». Et ce, en utilisant ce que Jean-Paul II appelait une « boussole fiable », à savoir le concile Vatican II. Ce développement sur la vie intérieure et la communion à l’intérieur de l’Eglise agacera sans doute, dans son expression, les tenants de telle ou telle position plus accusée. Il convient pourtant de se souvenir que, avant d’être un livre, ce texte est une lettre pastorale adressée « aux prêtres, diacres, consacrés et fidèles du Christ laïcs » d’un diocèse : le sien. Dommage sans doute qu’elle se veuille une orientation plutôt qu’un programme, distinction qui est facilement l’occasion, pour les réfractaires, de s’en dispenser… Pour les destinataires qui en tiendront compte, ce sera assurément un pas en avant: Duc in altum !