Anne-Bénédicte Hoffner a réalisé pour La Croix un bref aperçu de la vie de nos évêques, à l’heure où s’ouvre leur assemblée plénière à Lourdes. Extraits :
le contexte est aujourd’hui difficile pour les évêques. Ils doivent guider leurs diocèses « dans une période de transition pour la société, marquée par une grande inquiétude », comme le reconnaît Mgr Marc Aillet, évêque de Bayonne, Lescar et Oloron. Derrière ces deux symptômes – « la crise des vocations et la crise dans la transmission de la foi » – se cachent des difficultés bien concrètes pour eux. Qu’ils doivent affronter de surcroît à l’âge où la plupart de leurs amis salariés entament, eux, une retraite bien méritée… Tel évêque a dû fermer, depuis sa nomination, « une école et un collège catholiques ». Un autre, dont le vicaire général a été nommé évêque ailleurs, lui a trouvé un remplaçant qui n’a pas tenu le choc : quelle paroisse déshabiller pour le remplacer désormais ? […] Plusieurs, enfin, sont confrontés à la même épreuve : l’abandon de leur ministère par l’un ou l’autre de leurs jeunes prêtres… Quand s’ajoutent des tensions avec un groupe traditionaliste, une « dénonciation à Rome », voire la révélation d’actes pédophiles commis par un prêtre, la barque peut tanguer. « Douloureusement », reconnaissent plusieurs d’entre eux.
« Je n’ai pas de ministériomètre », sourit Mgr Hervé Giraud, à Soissons. « Mais c’est vrai qu’avec 46 prêtres de moins de 75 ans tout compris, je suis en dessous du seuil de pauvreté. » Conséquence toute simple : Mgr Giraud n’a plus les moyens de s’offrir un vicaire général auprès de lui. […] « La charge est de plus en plus lourde parce que nous avons moins de moyens mais aussi parce que, face aux défis nouveaux, nous aimerions en avoir encore plus », reconnaît Mgr Jacques Benoit-Gonnin, arrivé à Beauvais il y a tout juste un an. Toute la difficulté est là, à ses yeux : dans la tension entre ce que l’évêque pressent de la « mission » de l’Église et la préservation d’une « organisation paroissiale dont il hérite »… Plus que le nombre de ses prêtres, ce sont « les jeunes générations » qui préoccupent Mgr Descubes. « L’évêque a le nez dans le guidon mais il doit aussi préparer l’avenir », résume Mgr Aillet. […]
Les polémiques, pétitions qui fleurissent sur Internet ? Certains y jettent un coup d’œil chaque jour [comme Mgr Planet], et se réjouissent de la moindre baisse d’agressivité… D’autres s’y refusent absolument. […] C’est pour rester « libre de ses jugements » que Mgr Descubes se refuse absolument à lire ce que rapportent les sites Internet des faits et gestes de ses confrères. Il y a quelques années, à la suite d’une dénonciation, il a été questionné par une « congrégation romaine » sur un concert-spectacle organisé dans l’une de ses églises. « Je leur ai répondu que cela ne les regardait pas et l’affaire s’est arrêtée là », note-t-il.
L’affaire s’est arrêtée là… comme sa carrière. Cet article sympathique, trouvé dans le journal officiel des évêques de France, est clairement écrit pour nous inviter à soutenir nos évêques et c’est effectivement un devoir. Mais soutenir ne signifie pas pour autant qu’il faille céder au cléricalisme épiscopal. Les laïcs ont des droits (comme le droit à la forme extraordinaire, à un enseignement catholique…), l’Eglise a des règles (des règles liturgiques notamment) et il faut parfois le rappeler à nos évêques.