Le président du CCFD-Terre solidaire, Guy Aurenche, est interrogé par La Croix, qui tente de sauver les apparences de ce mouvement, qui n’a rien de catholique. Extraits :
Quels sont les liens du CCFD-Terre solidaire avec l’Église de France ?
Du côté du CCFD, il n’existe pas d’interrogations sur le fait que nous soyons un service d’Église. La création du CCFD est une réponse à l’appel lancé par Jean XXIII le 10 novembre 1959. C’est à ce moment-là que l’idée d’institutionnaliser et d’organiser une collecte annuelle au moment du Carême s’est imposée. Des évêques et des laïcs responsables de mouvements s’entendirent pour généraliser l’initiative. L’assemblée des cardinaux et évêques de France, en 1961, a créé le Comité catholique contre la faim, pour « coordonner la réflexion et les initiatives des catholiques de France, et organiser une campagne s’échelonnant sur plusieurs mois et qui demande un effort exceptionnel ». Notre mode de fonctionnement correspond bien à un mouvement d’Église : le CCFD, qui rassemble 25 mouvements, repose sur la collégialité. C’est une manière de faire vivre la communion entre l’ensemble des mouvements et services pourtant très divers. Nous avons justement choisi de commencer la célébration de notre cinquantenaire par une messe à Notre-Dame de Paris, présidée par le cardinal André Vingt-Trois.
Rappelons que Guy Aurenche a signé en 2000 les 5 propositions pour l’Eglise du groupe Paroles, parmi lesquelles :
Nous demandons aux responsables [de l’Eglise] un changement de discours dans le domaine de la bioéthique et de la morale familiale, conjugales, sexuelle. […] Nous demandons aux responsables de modifier les pratiques actuelles de l’autorité dans l’Eglise […] Nous demandons aux responsables, et tout spécialement à l’évêque de Rome, d’autoriser au plan régional de véritables débats sur l’ordination d’hommes mariés.
demandé à Amnesty de ne pas ajouter le droit à l’avortement parmi les droits que l’organisation défend. Au conseil d’administration actuel du CCFD, le représentant de l’ACO [Action catholique ouvrière] est inscrit à la CFDT et au PS et celui de la JOC [Jeunesse Ouvrière Chrétienne] a signé le programme de Martine Aubry et était présent sur la liste des 1000 jeunes pour Dominique Strauss-Kahn. Une fois que l’on sait cela, on sourit doucement à la question soit-disant ingénue d’Isabelle de Gaulmyn, qu’on ne peut pas croire ignorante de ces faits et qui ne prend pas soin de les rappeler au lecteur :
Pourtant, vos relations avec l’Église n’ont pas toujours été faciles, on se souvient des critiques d’une partie de l’Église, dans les années 1986-1988, contre le CCFD, accusé d’accointances marxistes ?
En bon marxiste, attaché à la dialectique, Guy Aurenche répond à l’accusation… en accusant ses adversaires : “Je ne crois pas que les accusations des années 1980 aient été motivées principalement par des raisons propres à l’Église, mais plutôt par des groupes qui ne supportaient pas qu’un mouvement d’Église soit à ce point incarné. Leur but était d’affaiblir la présence chrétienne dans le monde du développement, et de la promotion humaine.” Pourtant, Le CCFD a un lourd passif : en 1980 et 1981, le sinistre Boudarel, directeur de la publication du mensuel Inforasie (et qui fut commissaire politique dans les camps du Vietnam communiste) fit venir à Paris le directeur des Editions en langues étrangères de Hanoi. Inforasie est une publication liée au CCFD. Ces deux années-là, le CCFD donna à Inforasie, c’est-à-dire à Boudarel, 50 000 F pour l’achat de livres qui iront garnir des bibliothèques vietnamiennes. En 1983, Le Figaro publie deux articles qui pointent du doigt «les choix contestables du CCFD». Le CCFD aidait le régime communiste vietnamien, au moment où celui-ci envahissait le Cambodge. Un scandale déjà dénoncé dès 1974 par L’Homme nouveau. Mais Isabelle de Gaulmyn préfère visiblement oublier le passé et demande à Guy Aurenche :
Il y a plus de deux ans, lors de l’Assemblée plénière des évêques à Lourdes, certains ont reproché au CCFD de ne pas agir suffisamment en concertation avec eux.
Mais Guy Aurenche répond encore à côté de la plaque : “Il est important d’avoir des relations et de parler avec chacun des évêques. Je m’emploie à vitaliser ces contacts.” Mais il ne donne pas les résultats… En effet :
Certains diocèses nous reprochent de ne pas prendre en compte leurs propres projets d’aides au développement, car ils ont parfois des engagements, du fait de jumelage, ou de la présence, sur leurs territoires de prêtres d’origine étrangère. J’ai donc proposé, au service des diocèses qui le souhaitent, une expertise sur les exigences de l’aide au véritable développement. Une façon de partager avec tous nos savoir-faire. Le CCFD a suggéré de mettre à disposition du Secrétariat de l’épiscopat une ligne de financement pour des projets ne répondant pas aux critères de nos initiatives et auxquels l’évêque français souhaite pouvoir répondre directement. Je suis heureux de dire aux évêques nouvellement nommés pourquoi nous sommes là, et quels sont nos objectifs.
En bref, la relation entre le CCFD et les évêques de France a du plomb dans l’aile. C’est pourquoi on comprend d’autant moins le besoin qu’a eu le cardinal Vingt-Trois de célébrer les 50 ans du CCFD.