Mgr Jean-Louis Bruguès, Secrétaire de la Congrégation pour l’éducation catholique, répond à La Croix :
Pour moi, l’école catholique est une école ouverte à l’universel, à tous (sans distinction de milieu social ou de religion) et à la diversité des savoirs humains. Elle est curieuse de toute humanité. Celui qui ouvre au savoir est donc un éducateur de la conscience. Cette première dimension est généralement bien honorée, mais elle ne suffit pas.
L’école catholique confesse également une foi particulière : la foi catholique est pour nous une référence indispensable. À mon sens, dans le « grand marché éducatif », il n’y aura d’avenir pour nos établissements que s’ils sont réellement catholiques. Avec deux dimensions : tout d’abord, tout en respectant les diversités, tous nos élèves doivent suivre une initiation obligatoire à la culture chrétienne. Et puis, pour ceux qui le souhaiteraient, nous proposons un chemin de foi, une option catéchétique. Nous constatons que, souvent, une formation à la culture chrétienne, tel le « parvis des Gentils » envisagé par le pape, fait apparaître une demande pour un tel chemin. La culture sert de terreau pour une annonce explicite de la foi.
Certains parents sont tentés, face à ces difficultés, par une école déliée du système officiel. Qu’en pensez-vous ?
Aux États-Unis, ce phénomène est déjà ancien, en Europe, il se développe. Il faut le prendre au sérieux. La crainte des violences scolaires, le souci d’un milieu plus serein, parfois plus cultivé, est exprimé. Mais, si le milieu éducatif est trop protégé, comment le jeune pourra-t-il, plus tard, s’immerger dans la société ? En France, la critique porterait plutôt sur la faiblesse de la formation à la foi dans les établissements catholiques : la balle est dans leur camp. La question de fond est la suivante, me semble-t-il : quel rôle l’enseignement catholique peut-il jouer dans la « nouvelle évangélisation » ?
Comment un établissement peut-il réellement être catholique s’il rend la catéchèse optionnelle ? Il y a ici un principe pernicieux, selon lequel la foi est désormais fondée sur un choix conscient de l’homme et non plus sur la volonté divine de se révéler. Cet enseignement religieux non confessionnel est un monstre. On offre aux enfants baptisés la possibilité de recevoir le christianisme sans les sacrements ! Quant à la critique sournoise de l’enseignement hors-contrat, elle est un tantinet malhonnête : la formation à la foi des établissements catholiques hors-contrat est de bien meilleure qualité que dans les écoles sous-contrat, où la catéchèse se réduit bien souvent à des découpages-coloriages !
Il serait temps que nos évêques soutiennent les écoles hors-contrat véritablement catholiques.