En pleine polémique sur les Roms, avec notamment la manipulation des propos du Pape (voir l’analyse de Vini Gamara), l’évêque de Vannes, interrogé
dans Famille chrétienne, se démarque des condamnations stériles :
“L’Eglise catholique peut-elle esquiver les polémiques qui entourent, depuis plusieurs semaines, les Roms et les Gens du voyage ?
Le rôle de l’Église n’est pas de prendre parti pour les associations ou pour le gouvernement. Ni angélisme, ni amalgame. Mais la récupération est inévitable dans le
contexte actuel. Tout est blanc ou noir, et on peine à trouver des nuances… L’aumônerie des Gens du voyage refuse les généralisations hâtives. En clair, ce n’est pas le mode de vie des
Tsiganes qui est facteur d’exclusion. La délinquance est liée à la marginalisation. Plus les Tsiganes seront marginalisés et plus ils auront tendance à s’installer dans les marges. Ils seront
tentés d’avoir recours à des moyens d’existence peu orthodoxes… Je crois que la sécurité ne peut venir que de relations réciproques. La répression, seule, ne fait que cristalliser les choses.
Pourquoi les Gens du voyage attachent-ils autant d’importance à leurs racines et à leur famille ?
Les Tsiganes sentent que leurs valeurs sont attaquées par la société moderne. En particulier les valeurs relatives à la famille et à la communauté qui heurtent notre hyper individualisme.
Leur sens – extrême – de la solidarité ne cadre pas avec les impératifs de performance. Dans ces domaines-là, les autres catholiques pourraient s’inspirer des valeurs des Gens
du voyage.
Mais leur nomadisme n’est-il pas contraire à nos valeurs ?
Leur mode de vie traduit quelque chose de notre situation de pèlerin, toujours en marche vers la Patrie. Il constitue pour nous une sorte de parabole, il nous rappelle le mode de vie des
patriarches de l’Ancien Testament toujours en marche vers la Terre promise. Comme le soulignait Charles Péguy, nos cités de la Terre sont le corps de la cité de Dieu. L’âme reste ailleurs ! ”