Jacques Trémolet écrit dans Présent :
“« Messe pour la patrie et ceux qui souffrent pour elle », c’est à l’instauration de ce rite mensuel, dans l’un des temps les plus sombres de
l’histoire de son pays que le bienheureux Père Jerzy Popieluszko a dû son martyre et sa béatification. […] La Pologne, qui a connu l’écrasement sous les formes, d’abord conjointes,
puis ennemies, des deux totalitarismes du XXe siècle, connaît aujourd’hui une autre forme, plus insidieuse, de persécution, celle qui vient de chez nous, que Benoît XVI appelle la dictature du relativisme, et qui est aussi, en même temps, dans l’Eglise, le règne du fidéisme avec, en corollaire, la mise à l’écart, au rebut – « à
l’enfer » diraient les moines –, de l’ordre temporel, au premier rang duquel se trouvent les patries. […]
En France, aujourd’hui, ce n’est pas le pouvoir politique qui s’opposerait à ce que soit célébrée, dans nos paroisses, chaque mois, une messe du dimanche soir, pour la patrie. C’est le
parti dominant du pouvoir spirituel qui fait pire que s’y opposer… qui n’y pense même pas, qui ne voit pas pourquoi cela serait… sauf à y voir une préparation sournoise à quelque
campagne électorale, ou une contestation particulièrement inopportune, des « valeurs républicaines » au premier rang desquelles trône notre laïcité apaisée. Nous sommes devenus,
nous les catholiques français, les champions toutes catégories de l’autocensure, en matière nationale. […]
« Accepte Karol ! Accepte… pour la Pologne ! », aurait dit le cardinal Wychinski, primat de Pologne à celui qui s’apprêtait à recueillir le suffrage des cardinaux
pour devenir le Pape de toute l’Eglise. Et, au terme de son existence, le Pape le plus pèlerin et le plus international de l’histoire de l’Eglise livre dans son testament Mémoire et
identité sa dernière méditation qui est une plongée dans ses racines polonaises et la vocation de sa patrie. « Je suis le fils d’une nation… »
Politiquement, économiquement, culturellement, naturellement et surnaturellement, il n’y a pas d’autre voie de salut pour la France, aujourd’hui, que son acceptation, en toute connaissance, de sa
vocation chrétienne. […]
Parce que ce n’est pas comme ça que ça commence, une vraie pastorale. C’est par l’amour que ça commence. Les Français ne souffrent pas de faim, ni de froid, ni de chaud,
ni de précarité, encore moins de racisme ou de discrimination. Les Français souffrent de ne plus savoir qui ils sont, d’où ils viennent et où ils vont. Même, et surtout quand ils ne le
savent pas, les Français ont mal à la France, et, du coup, ils ont mal à l’Eglise parce que la fille aînée est devenue, comme dit le Père Michel-Marie Zanotti-Sorkine, « la fille
athée » de l’Eglise !”