Dans son numéro 80, Yves Daoudal fait ces remarques sur l’église de Vaulx-en-Velin :
“on constate que si le curé des paroisses de Vaulx-en-Velin parle de catholiques de «25 nationalités» différentes, la majorité d’entre eux sont des chaldéens
d’Irak. «On compte 800 chaldéens très proches de leur Église», dit-il. Sans compter les Tamouls, qui ont le même rite que les chaldéens. Or la future église est conçue
pour accueillir 450 personnes. Même si ces chaldéens ne sont pas tous des pratiquants réguliers, près de la moitié d’entre eux le sont. Et l’église va s’appeler Saint-Thomas, du
nom de l’apôtre évangélisateur de l’Irak et de l’Inde… «Les chrétiens d’Orient savent à quel point nous portons leurs souffrances, et nous sommes heureux de donner à cette église le
nom de Saint-Thomas : il avait été le premier à évangéliser le Moyen- Orient», a souligné le cardinal Barabarin, avant de poser la première pierre: en fait les deux premières pierres,
l’une d’entre elles provenant d’une église irakienne du XIIIe siècle, et portée en procession par un chaldéen, et qui sera enchâssée dans l’autel. En outre,
ces chaldéens forment déjà une paroisse: la paroisse Saint-Ephrem des chaldéens. Dont le curé, le Père Al Tawid, était présent. Une paroisse qui n’a pas d’église et qui se réunit
à l’église Saint-Joseph le dimanche en fin de matinée pour la liturgie chaldéenne.
Si bien qu’on se demande pourquoi on ne construit pas une église chaldéenne… Puisqu’on construit non pas seulement une église, mais tout un complexe paroissial, on aurait pu y concevoir
deux lieux de culte jumelés : un pour les chaldéens, un autre pour les catholiques de diverses origines mais pour la plupart de rite latin. Pourquoi? Il semble bien que ce soit,
encore, à cause de l’idéologie en vigueur, jusque dans l’Église de France: l’église doit être pour tous, ouverte à tous, etc. «Le bâtiment religieux sera celui de tous les
catholiques – africains, tamoul et autres – qui pourront y assister aux messes de leur choix», dit Le Progrès. Comme si l’on construisait un supermarché liturgique… En fait on se
moque des traditions liturgiques et spirituelles. Va-t-on au moins concevoir l’intérieur de l’église de façon à ce que les chaldéens puissent célébrer leur liturgie d’une façon qui
correspond à leur rite? Rien n’est moins sûr. Il est à craindre que personne, à l’évêché de Lyon, n’ait expliqué à l’architecte que la liturgie chaldéenne (la liturgie syriaque en général) est
très particulière, et qu’elle s’organise autour de deux autels qui se font face: l’autel de la parole et l’autel du sacrifice. Sans doute l’ordonnancement de la liturgie est-il
devenu secondaire dans «l’Église qui est en France», et l’essentiel, comme dit encore le curé, est de «faire Église», version catho du «vivre ensemble». Mais
l’on ne se rend même compte du mépris que cela implique pour des chrétiens qui tiennent à leur liturgie davantage qu’à la prunelle de leurs yeux, une liturgie qu’ils ont conservée à travers
l’invasion musulmane, des siècles et des siècles de persécution, et même un génocide pour ce qui est des chaldéens de Turquie.”
Les catholiques chaldéens vont apprendre à connaître le mépris des évêques français pour les traditions liturgiques.