Mgr Bernard Ginoux, évêque de Montauban, à l’occasion du cinquième anniversaire de l’élection de Benoît XVI, adresse à ses diocésains une réflexion sur le rôle des médias. Extraits :
“dans la sphère médiatique, depuis des journaux s’auto proclamant « autorisés » jusqu’à la moindre des chaînes de radios, d’internet
ou lors de journaux télévisés, nous avons assisté au matraquage d’une information […] L’accusation est claire… Cet homme est un danger pour la société, un complice du mal et,
de surcroît, il combat les évolutions de la culture occidentale contemporaine. […]
Préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, il était caricaturé comme le « maître de l’Inquisition » ou le
« Panzer-Cardinal » double attaque sur la nationalité et l’évocation de l’Allemagne hitlérienne. Aussitôt, d’ailleurs, dès son élection en 2005, est arrivée une attaque plus
forte : il était un ancien des Jeunesses Hitlériennes… […] Peu après, cette suspicion d’avoir eu quelque complaisance pour l’hitlérisme allait retrouver force. Ne
voulait-il pas béatifier le pape Pie XII ? […]
Mais que ne dira-t-on pas lorsque, en janvier 2009, lors de la semaine de prière pour l’unité des chrétiens, il fait un geste à l’égard des
quatre évêques ordonnés de manière illégitime par Mgr Lefebvre. Il lève l’excommunication. […] Mais, au même moment, sort une interview donnée quelques mois plus tôt à la
télévision suédoise par l’un de ces évêques, Williamson, un anglais inconnu de tous, qui a prétendu que les chambres à gaz n’avaient pas existé, pas plus que le génocide juif. Alors que cette
insulte est une absurdité, on prête à Benoît XVI d’avoir eu connaissance de cette interview […] Le montage médiatique a fonctionné et Benoît XVI est donc coupable de
complaisance.
[…] Les médias se scandalisent encore et attaquent : le pape va en « Israël » et non en « Terre Sainte »
sinon il offense les Juifs. […] Septembre 2006 à Ratisbonne, à l’université où il a enseigné, Benoît XVI devant un parterre d’intellectuels et
de chercheurs, prononce un discours de haute portée culturelle. […] Le passage d’une citation enflamme les rédactions et il est accusé de provocation envers l’islam. […]
C’est encore en 2009 que, dans l’avion qui le conduit en Afrique, Benoît XVI va être fustigé dans les médias pour une autre phrase… ou plutôt deux petites phrases.
[…]
Dans le même temps, durant ce mois de mars 2009, une autre « affaire » sortait de la boîte médiatique. L’archevêque de
Recife au Brésil avait excommunié une fillette de neuf ans parce qu’on avait pratiqué sur elle l’avortement de l’enfant qu’elle portait, fruit de l’inceste commis par son
beau-père. La mère et les médecins subissaient la même peine. […] Le 25 mars, enfin, nous avons su (voir les communiqués des conférences épiscopales et les témoignages authentiques enfin
parvenus) que l’archevêque n’avait excommunié personne mais avait rappelé que ce type d’acte ouvre à de telles possibilités. L’on sut aussi combien la paroisse et les prêtres avaient aidé la
maman de cette malheureuse fillette. Tout cela ne remonterait pas à la surface médiatique… et l’on resterait convaincu de la barbarie de la morale catholique.
Mars 2010 : préparée par divers articles, par des mises en cause récurrentes du célibat sacerdotal, une nouvelle bataille
commence. L’Eglise catholique a protégé de la justice des prêtres pédophiles et elle doit faire la vérité. […] Mais la présentation de la situation faite par la campagne
médiatique actuelle mérite quelques réflexions. […]
Cette longue approche nous conduit à constater que, régulièrement, un procès est fait au pape et à l’Eglise catholique sur tel ou tel
sujet, dont le premier est la question de la sexualité. Essentiellement parce que « nous subissons des formes subtiles de dictature, un conformisme selon lequel il faut penser comme
les autres, agir comme tout le monde » (Benoît XVI, le 16 avril 2010). Ce conformisme de la pensée, des attitudes et des pratiques est dicté par les médias qui deviennent les
contrôleurs de l’opinion. La subtilité est qu’ils affirment être l’écho de la pensée commune. […]
Dans le même temps nous pouvons voir que, au nom de la culture contemporaine tous les tabous devaient disparaître. La libération
sexuelle était au premier plan de cette entreprise : tout devenait possible en ce domaine, rien n’étant plus blâmable que la contrainte et les frustrations. C’est ainsi qu’il y a
trente ans nous ne manquions pas d’esprits ouverts qui expliquaient que la relation sexuelle d’un adulte avec un « gosse » pubère ou non pouvait apporter beaucoup à celui-ci. On parlait
de « seuil de consentement » et il est facile de voir que des personnes qui ont fait carrière aujourd’hui défendaient ces théories. Le journal Le Monde publie le 26 janvier 1977
une pétition signée de nombreuses personnalités intellectuelles demandant la libération de trois détenus en prison préventive depuis trois ans pour des « caresses et des baisers avec des
mineurs de 15 ans consentants ». La littérature et le cinéma ne manquent pas d’emboîter le pas : l’inceste d’une mère avec son fils de 15 ans (Le Souffle au cœur), l’homme mûr
et la toute jeune fille (L’amant)…
[…]
Après chaque nouvelle attaque nous pouvons nous dire : « Que sera la prochaine ? » car on peut la voir monter, se
dérouler comme une vague et déferler. Le processus est au point. Mais la question se pose : pourquoi ? Pourquoi contre Benoît XVI ? Pourquoi tant de haine ?
[…] Il est légitime que les médias jouent leur rôle. La liberté d’expression est un droit, il y a aussi le droit de poser des
questions, il y a aussi le droit de n’être pas d’accord. C’est parfois un devoir.”