Le dernier numéro de Daoudal Hebdo analyse à son tour la campagne de la CEF sur les
vocations :
“Le « Service national des vocations » de la conférence épiscopale de France a lancé une campagne pour tenter d’attirer des jeunes à la prêtrise. Sous le titre « Et
pourquoi pas moi », avec un site internet. Si l’on veut « en savoir plus », voici ce que l’on peut lire:
Tu aimerais bien réfléchir avec d’autres jeunes sur le sens de la vie, sur ce qui te rend heureux, sur ce qu’est la vraie richesse. Tu as déjà pensé secrètement à devenir prêtre et tu aimerais
bien oser en parler à quelqu’un… Voici quelques pistes et lieux faits pour répondre à tes questions : des rencontres ponctuelles, des semaines de vacances d’été ou d’hiver, des parcours annuels
de réflexion organisés à proximité de chez toi. Nous pouvons t’accompagner dans ta réflexion. Renseigne-toi au Service diocésain des vocations ; on te proposera différentes formules pour
réfléchir à ton avenir.
Comme le disait un professionnel de la communication sur le Forum catholique, on ne sait pas à qui un tel discours peut bien s’adresser, tellement il est vague.
Alors on se reporte à la page suivante : « Prêtre, c’est quoi, au juste? ». Et on lit ceci :
Un homme passionné, au service du Christ et des hommes Un prêtre est un homme qui décide de vouer sa vie, par amour, au service du Christ et des hommes. Il croit au bonheur et cherche à le
communiquer. Et c’est dans la prière qu’il trouve la force d’aimer toujours plus. Serviteur tout terrain et ouvert aux autres – quel que soit leur milieu – il est présent aux événements
quotidiens et importants de l’existence humaine (naissance, mariage, maladie, deuil…). Le prêtre est un créateur de lien social qui puise sa joie dans la rencontre des gens et le partage de leurs
soucis. Prisons, hôpitaux, écoles, presse… C’est aussi un métier qui s’exerce en des lieux très divers et de manière variée.
Le prêtre est un « créateur de lien social »… Un animateur de quartier. La seule différence avec les autres animateurs sociaux, c’est qu’il est aussi « au service du Christ ». On
ne nous dit même pas qu’il est au service des hommes PARCE QU’il est au service du Christ. Et que veut dire être au service du Christ? On ne le saura pas. Dans ce texte, il n’y a pas le
mot « sacrements ». Il n’y a pas davantage le mot « Eglise » que dans le premier. Il n’y a pas non plus le mot « sacerdoce », alors même que nous sommes à la fin de l’année sacerdotale.
Peut-être en saura-t-on un peu plus en allant sur la troisième et dernière page : « Comment devient-on prêtre? »
On ne naît pas prêtre, pas plus qu’on ne le devient de père en fils! Pour être prêtre, il faut d’abord devenir homme et chrétien. Le désir de devenir prêtre mûrit, souvent longtemps, et n’empêche
pas de faire des études ou d’avoir des expériences professionnelles. Il y a ainsi des prêtres médecins, journalistes, cuisiniers…de formation. Ceux qui vont devenir prêtres étudient dans un
séminaire. Le mot séminaire vient du latin seminarium, « pépinière », de la racine semin-, « graine, principe vital ». Tout les étudiants sont accueillis, nourris et logés, durant leurs années de
formation dans cette maison, véritable espace de vie et de partage. Une année préparatoire est souvent nécessaire pour approfondir la relation vivante avec le Christ. Un futur prêtre se prépare,
dans tous les domaines de son existence, à se mettre au service de tous. La formation dure 6 ans ; elle est à la fois philosophique, spirituelle, humaine et pratique. Au cours des deux premières
années de formation, la philosophie tient une place importante ; il s’agit d’apprendre à penser par soi-même comme à s’ouvrir aux questions de l’humanité : la place de l’homme dans le monde, les
questions relatives à l’existence de Dieu et les réponses apportées par les hommes de différents courants de pensée et d’autres religions. En deuxième cycle, la théologie est prépondérante et
permet d’approfondir la dimension éthique de l’existence.
Et ne nous voilà pas plus avancé. Pour être prêtre il faut aller au séminaire, qui est un « espace de vie et de partage », où l’on se prépare à se mettre au
service de tous… Mais il y a pire: la philosophie consiste à « s’ouvrir aux questions de l’humanité » (par exemple sur l’existence de Dieu, seule fois où le mot Dieu apparaît…),
et la théologie, c’est pour « approfondir la dimension éthique de l’existence »… Le séminaire est un club de réflexion, et, disonsle clairement, une sorte de loge
maçonnique… On comprend qu’une année préparatoire soit « souvent nécessaire pour approfondir la relation vivante avec le Christ ». Parce qu’après, on cherche en vain ce qui a rapport
avec le Christ. Pour ne pas parler de l’Eglise, ou du sacerdoce, puisqu’il n’en est toujours pas question. Définitivement pas question.
Je précise que ce que j’ai cité est le texte intégral de ce que l’on peut lire sur le site internet. C’est illustré par des photos de « prêtres » en situation. Qui sont des mannequins.
D’où leur air niais et absent. Un peu étonnés sans doute d’être payés pour faire la promotion d’une Eglise qui ne dit même pas son nom… Le pire est le « visuel » de la campagne: un jeune
« prêtre » tenant devant lui un faux habit ecclésiastique façon bande dessinée, vert pomme, pour faire plus gai. On devrait dire : façon « cartoon », pour faire « fun », puisque cette campagne
française dit : « Why not? », et que sur le badge on peut lire: « Jesus is my boss »… Comme le disait un animateur de radio au porte-parole de l’épiscopat : « Tiens, vous avez abandonné
le latin pour l’anglais? »”
Cette campagne, confiée à Bayard par le père Eric Poinsot, sans appel d’offres, a coûté 250 000 euros à l’épiscopat. Les contributeurs aux denier de
l’Eglise apprécieront.