L’évêque de Poitiers s’épanche dans Le
Monde sur ses souhaits, sa vision de l’Eglise, critiquant le Pape, le sacerdoce et jusqu’à la morale. Extraits :
“Dès lors qu’une institution, y compris l’Eglise, s’érige en position de droit privé, s’estime en position de force, les dérives financières et sexuelles deviennent possibles. […]
On a un pape qui est plus théoricien qu’historien. Il est resté le professeur qui pense que quand un problème est bien posé, il est à moitié résolu. Mais dans la vie, ce n’est
pas comme cela […]
Au-delà, deux choses me frappent dans la situation actuelle de l’Eglise. Aujourd’hui, on y constate un certain gel de la parole. Désormais, le moindre questionnement sur l’exégèse ou la morale
est jugé blasphématoire. Questionner ne va plus de soi, et c’est dommage. Parallèlement, règne dans l’Eglise un climat de suspicion malsain. L’institution fait face à un centralisme romain, qui
s’appuie sur tout un réseau de dénonciations. Certains courants passent leur temps à dénoncer les positions de tel ou tel évêque, à faire des dossiers contre l’un, à garder des fiches
contre l’autre. Ces comportements s’intensifient avec Internet. […]
Mais aujourd’hui, dans l’Eglise, les pressions identitaires sont particulièrement fortes. Tout un courant, qui ne réfléchit pas trop, a épousé une identité de revendication.
[…]
On est passés d’un christianisme d’habitude à un christianisme de conviction [sic]. […] Prenez mon diocèse : il y a soixante-dix ans, il comptait 800 prêtres. Aujourd’hui il en
a 200, mais il compte aussi 45 diacres et 10 000 personnes impliquées dans les 320 communautés locales que nous avons créées il y a quinze ans. C’est mieux. […] Le prêtre ne doit plus
être le patron de sa paroisse […]
Le danger est réel. L’Eglise est menacée de devenir une sous-culture. Ma génération était attachée à l’inculturation, la plongée dans la société.”
Et on voit le résultat : vivement la retraite pour Mgr Rouet !