organisé par la Communauté de l’Emmanuel sur le thème «prêtres et laïcs dans la mission». Un texte à lire dans son intégralité, car on y voit un évêque qui a compris la crise que connaît
l’Eglise en France. Extraits :
-
“1) Dans la dynamique du Concile Vatican II, les laïcs ont pris
conscience de manière heureuse et positive que l’Eglise n’était pas seulement les évêques, les prêtres, les religieux et religieuses, mais l’Eglise est constituée aussi des baptisés. Ils sont
l’Eglise. Plus exactement, ensemble, nous sommes l’Eglise. Les laïcs ne se définissent pas simplement à partir des clercs. Il n’y a pas d’un côté les administrateurs et de l’autre les
administrés. Leur identité se définit à partir du baptême. […] - 2) Avant même d’être évêque, mais encore plus depuis que j’ai la charge d’un diocèse, je constate un fonctionnement plus
problématique. Dans beaucoup de paroisses, les chrétiens réfléchissent et gèrent le rapport des laïcs aux prêtres à partir de la diminution du nombre de prêtres. La question est
alors comment va-t-on faire pour remplacer les prêtres. On réfléchit en termes de remplacement. Permettez-moi un descriptif presque
caricatural. On commence par se dire que le prêtre est âgé, il ne peut plus fonctionner seul, il faut quelqu’un pour l’aider. Quand il n’y a plus de prêtre, on se dit : « Que
faisait le prêtre ? Que peut-on faire sans être prêtre ? » Parfois, on se met en recherche dans la paroisse de quelqu’un qui pourrait être ordonné diacre. Avec un nouveau
débat sur ce que peut faire ou ne pas faire le diacre. Dans ce cas, la relation entre prêtre et laïcs se gère en termes de remplacement face à la diminution du nombre de prêtres, et en termes
de ce que peut faire ou ne pas faire un laïc. - Nous ne sommes plus dans une chrétienté (je parle pour la France). Le monde qui nous entoure n’est plus chrétien. […] Mais dans le fonctionnement, dans les réflexions, je constate que
l’on continue à vouloir travailler et vivre comme si on était encore dans une chrétienté. On réfléchit en termes de couverture du territoire. Auparavant, il y avait un prêtre dans chaque
village. Aujourd’hui, ce n’est plus possible. Alors on confie plusieurs villages à un seul prêtre, pour faire la même chose, mais avec moins de monde. L’étape suivante consiste à faire la
même chose, mais avec les laïcs, ou alors, il faut absolument ordonner un diacre. On pense en termes de remplacement. […] - 3) Autre constat. Beaucoup de laïcs sont surtout engagés dans le service de la communauté chrétienne, dans les paroisses, les mouvements, la chorale, le catéchisme, la liturgie…Je ne
reviens pas sur le côté positif de tout cela. Il est inimaginable aujourd’hui de penser la vie de nos communautés sans cela. Mais il me semble qu’il y a un véritable risque d’oublier que le
premier lieu d’engagement du laïc est dans sa vie familiale, professionnelle, politique, associative, que la première exigence réside dans le rayonnement de la vie baptismale dans le monde.
Il y a un risque à proposer comme modèle du laïc engagé quelqu’un qui est au service interne de la communauté chrétienne. Alors que le véritable modèle est celui qui vit pleinement sa vie du
baptême au milieu du monde, pour le transformer. De cette situation, découle une forme de revendication de la reconnaissance d’un statut ecclésial particulier du permanent laïc en pastorale,
avec la tentation d’oublier que ce sont le baptême et la confirmation qui fondent la mission du laïc. Parfois, nous assistons à une forme de cléricalisation du laïc. […] - 4) En France, on parle aujourd’hui de crise des vocations, et les chiffres sont là. […] Comment susciter un élan de sainteté, au sens de l’appel universel à la sainteté du Concile Vatican
II, chez tous les baptisés ? Les vocations spécifiques ne peuvent éclore que dans une communauté chrétienne traversée par un véritable élan de sainteté. […] En ce sens, je
pense que les services des vocations ne servent à rien. Le service des vocations est la communauté chrétienne dans son ensemble. Je m’interroge quand je vois des communautés chrétiennes
dites vivantes ou dynamiques où il n’y a pas eu de vocations particulières depuis 30 ou 40 ans. C’est parce que l’ensemble des baptisés s’attache radicalement au Christ que ceux qui ont une
forme d’appel plus radical peuvent répondre.”