Denis Crouan écrit sur son blog :
- “Il faudrait que nos évêques de France cessent de s’indigner lorsque des fidèles écrivent directement à Rome pour se plaindre d’eux, ou plus exactement pour se plaindre de ce qu’ils font
alors qu’ils ne devraient pas le faire et de plaindre de ce qu’ils ne font pas alors qu’ils devraient le faire. Oui, nos évêques doivent cesser de blâmer les fidèles qui envoient des courriers
circonstanciés aux différents dicastères pour faire faire valoir leurs droits de baptisés, pour faire savoir que leurs droits sont bafoués par ceux qui ont autorité dans leurs paroisses, dans
leurs diocèses.
-
Car si ces fidèles écrivent à Rome, c’est bien parce qu’ils savent que “là-bas” on les écoute, tandis que lorsqu’ils écrivent à leurs évêques respectifs, ils ne reçoivent généralement
aucune réponse. Ou s’ils reçoivent une réponse (ce qui est rarissime, disons-le), elle est plutôt du genre: “mêlez-vous de ce qui vous regarde” avec, en finale, un verset d’Evangile sur
la charité. Ecrivez à votre évêque pour vous plaindre de votre curé qui bousille systématiquement les messes dominicales, et si vous avez de la chance, pour aurez pour toute réponse un verset
de la première Epître de S. Paul aux Corinthiens. Un peu comme dans les sectes où le gourou a toujours le bon verset biblique à vous lancer à la figure pour vous faire comprendre que vous
êtes irrémédiablement à côté de la plaque.
-
Nos évêques parlent souvent de justice, d’écoute… Mais la justice, ils ne la pratiquent pas. Pas plus que l’écoute. Ils ignorent que la justice élémentaire qui relève directement de
leur fonction est celle qui consiste à donner aux fidèles ce à quoi ils ont droit: les sacrements, la liturgie de l’Eglise (et non celle des équipes liturgiques !), le catéchisme de l’Eglise
(et non celui d’un bureaucrate diocésain!)… Mais sur cette justice-là, sur cette écoute-là, on n’entend pas nos évêques. Quand on s’adresse directement à eux, c’est généralement le silence
radio qu’on reçoit pour toute réponse. Alors pourquoi s’irritent-ils en apprenant que de plus en plus de fidèles s’adressent directement à Rome en passant par-dessus les mitres françaises?
-
D’ailleurs, s’adresser à Rome n’est que l’exercice d’un droit: “les fidèles ont la liberté (on parle bien de “liberté” – n.d.l.r. -) de faire connaître aux Pasteurs de
l’Eglise leurs besoins surtout spirituels, ainsi que leurs souhaits.” (Can. 212 §2). Quand les Pasteurs locaux ne répondent pas, trop occupés qu’ils sont à leurs réunions aussi
épuisantes que stériles, il faut bien que les fidèles s’adressent aux instances supérieures, non ? Il n’y a, dans cette procédure, rien qui puisse blesser ou irriter nos évêques.”