S’il y a bien un sujet temporel que nos évêques aiment aborder, c’est celui de l’immigration. Dernier en date, Mgr Claude Schockert, évêque de Belfort-Montbéliard et responsable
de la pastorale des migrants. Malheureusement, la langue de buis est souvent
employée et ne permet pas toujours aux catholiques français de comprendre leur rôle. D’un côté, ils sentent bien qu’ils ne peuvent pas forcément approuver la désastreuse politique
migratoire qui fait s’installer n’importe comment des millions d’immigrés dans notre pays au péril du bien commun, et de l’autre, ils savent qu’ils ne doivent pas pour autant mépriser
l’immigré.
L’entretien donné par
Mgr Schockert date d’il y a une semaine et j’ai préféré, avant de vous en faire part et pour éviter tout strabisme, attendre la publication du message de Benoît XVI pour la 96e journée
mondiale du migrant et du réfugié, publié aujourd’hui.
Sur ces deux textes, il y a quand même une continuité, qu’il convient de souligner. Mgr Schockert dit en effet :
“L’Eglise n’est pas pour tâche d’organiser à la place des autres. L’Eglise n’a donc pas la maîtrise des politiques qui traitent des migrations et de la sécurité. Elle intervient
de manière spécifique. A la base de son action, il y a l’amour de Dieu qui consiste à aimer l’autre comme un frère. L’Eglise prête sa voix à ce titre là pour que nos frères en humanité puissent
être entendus et respectés eu égard à leur dignité humaine.”
Ce qui signifie que, distinguant le politique (dont les décisions temporelles appartiennent aux laïcs) et le pastoral (dont les décisions spirituelles appartiennent à l’Eglise),
l’approche qu’a l’Eglise de l’immigration est essentiellement pastoral. Conformément au catéchisme de l’Eglise catholique et à la doctrine sociale, l’Eglise laisse aux
gouvenrants le choix d’ouvrir, de contrôler voire de fermer les portes de leur pays à l’immigration, leur décision devant être jugées en regard du bien commun national.
Dans son message, Benoît XVI rappelle cette dimension pastorale :
“Je m’adresse à présent en particulier aux paroisses et aux nombreuses associations catholiques qui, animées par un esprit de foi et de charité, accomplissent de grands efforts pour répondre aux
nécessités de nos frères et sœurs. Tandis que j’exprime ma gratitude pour ce qui est accompli avec une grande générosité, je voudrais inviter tous les chrétiens à prendre conscience du
défi social et pastoral que représente la condition des mineurs migrants et réfugiés. Dans notre cœur retentissent à nouveau les paroles de Jésus: «J’étais un étranger et
vous m’avez accueilli» (Mt 25, 35)”.
Le politique est responsable de la politique d’immigration. Ses décisions peuvent être contestables et contestées au regard du bien commun. Mais cette contestation ne peut se retourner contre
l’immigré.
Un dernier mot : le pape distingue le social et le pastoral. Cela signifie, me semble-t-il, que l’aide apportée à l’immigré ne peut se limiter à un caractère social. L’Eglise a aussi -et
surtout- le devoir d’évangéliser ces immigrés et de leur ouvrir l’accès aux sacrements.