Nous avons déjà évoqué les étranges manières de gouverner de Mgr
Brunin, évêque d’Ajaccio. Dans Présent, Maître Trémolet, qui est par ailleurs corse, nous rapporte le récit d’un de ses amis sur
la révocation du curé de Corte, le Père Régis-Dominique Polge, qui provoque l’émoi des catholiques. Extraits :
“La Corse n’a pas de chance. Voilà cinq ans qu’elle vit, dans son Eglise, sous le
gouvernement – si l’on peut dire – d’un de ces derniers adeptes de méthodes de pensée et d’action qu’on croyait définitivement révolues. Le texte que Monseigneur Brunin a donné à
Corse-Matin,
le 13 novembre 2009, est un modèle de cette littérature soviétique […]. L’évêque s’explique sur la révocation de l’abbé Polge, curé de Corte. On sait l’émotion que cette
décision a provoquée, les colères, les peines, le sentiment d’abandon des paroissiens, bref, pour parler un langage évangélique et non stalinien, le désarroi du troupeau à qui a été enlevé son
pasteur. On sait aussi que, dans l’Eglise, le pasteur du diocèse, c’est l’évêque, et que les prêtres sont ses collaborateurs. Le troupeau dont l’évêque est le pasteur, c’est l’ensemble des
fidèles, et si, parmi ces fidèles, certains se perdent, comme, dans l’Evangile, encore, il part, laisse les quatre-vingt-dix-neuf brebis bien dociles pour aller chercher celle qui était
perdue.
Ici, rien de tel, ni dans le langage, ni dans l’attitude du cœur. L’abbé Polge, dit-il, “a été interpellé sur sa façon de vivre le ministère pastoral des communautés du cortenais”.
Qu’est-ce que cela veut dire ? L’abbé Polge remplit son église les dimanches et jours de fête. Il remplit sa chapelle Sainte-Croix en semaine. Il compte plus de quatre cents enfants
au catéchisme. Il confesse. Il marie. Il baptise et il envoie des jeunes gens au séminaire. Il est toujours disponible pour ses paroissiens. Quelles sont donc ces “nouvelles manières
de vivre le ministère du prêtre” auxquelles l’évêque lui reproche de ne pas adhérer ? On ne le sait pas et on ne le saura pas, puisque, précisément, l’évêque ajoute que “ces
nouvelles manières de vivre le ministère” auxquelles le Père Polge se refuserait d’adhérer, sont “à chercher”.
Toujours selon l’évêque, le Père Polge s’isolerait jusqu’à «s’enfermer dans une sorte de séparatisme ecclésiastique”. Où l’on voit ressurgir le péché capital dans l’idéologie
marxiste qui est le “fractionnisme” n’être plus en accord avec les orientations du secrétaire général, sans que l’on puisse savoir ce qu’étaient ces orientations. […] Ainsi
fut révoqué sur le champ, un samedi saint, le Père Hélie, qui, à Ajaccio, avait trop de succès auprès des jeunes. Ainsi est révoqué, aujourd’hui, le Père Polge, pour la seule raison que son
ministère vécu est beaucoup plus fécond, joyeux et chrétien que les prétendues recherches d’un idéologue déguisé en évêque.
Ensuite, vient la justification de la purge. Elle est dans la preuve du “séparatisme”.
Dès la révocation connue, le peuple, le troupeau des fidèles s’émeut, dit sa solidarité, prie et supplie. Aucun mot de miséricorde pour les brebis perdues. Aucun geste du cœur. Aucune
pensée. Non ! Leur attitude est “symbolique d’une perte du sens de l’Eglise” et ce “spectacle témoigne que le danger est bien réel”. Non seulement le pasteur qu’on
enlève était un mauvais pasteur. La preuve c’est qu’on le révoque ! Mais cette protestation corrobore le fait qu’il était un mauvais pasteur ! Ben voyons ! Je vous condamne
injustement et la révolte que provoque cette injustice est la preuve que j’avais raison de vous condamner ! Où est l’esprit de l’Evangile dans ce charabia ? Où est la tendresse
du cœur de l’Evêque, pasteur de son troupeau ?
Déjà l’année dernière, à Vivario, quand l’évêque est venu annoncer à la municipalité et aux paroissiens sa réforme qui leur enlevait leur prêtre et qu’une jeune maman lui a dit : “Mais
nous sommes un troupeau sans pasteur !”, il a détourné la tête et levé la séance. Ce sont des mots qu’il ne comprend pas ou ne veut pas comprendre. Il a son plan pour l’Eglise
du troisième millénaire en Corse, église sans paroissiens, sans prêtres, sans curés, église tout entière dépendante au travers des commissions, des groupes et des conseils de laïcs, du
commissariat central qui est l’évêque et dont les prêtres, satellites interchangeables, n’ont plus d’autre ministère que la mission ponctuelle que l’évêque leur confie. Délire de volonté
de puissance qui allie l’odieux au dérisoire. Car, de quoi parle-t-on ? “Du gouvernement” de moins de cinquante prêtres, et d’un nombre de fidèles qui va diminuant, sauf… sauf, dans
les lieux où des prêtres, comme l’Abbé Polge, font leur travail de prêtre, à l’image plus ou moins proche, de celui qui reste le modèle des prêtres et que le Pape leur donne en exemple pour cette
année, qui est l’année sacerdotale, le saint Curé d’Ars. […]
J.L. Brunin est fermé. Il ne veut pas savoir. Entre les Corses et lui, ça passe ou ça casse ! selon une des ses formules favorites. Avant que ça casse vraiment, il vaut mieux
qu’il s’en aille. C’est la supplique des fidèles. Elle est déjà sur les murs. Vox populi, Vox Dei. On y lit, en grosses, lettres noires ou rouges : “Brunin
fora !”.”